Crise de l’euro : comment éviter l’effet domino ?

Bien qu’ayant échappé à la récession, l’économie nationale subit les contrecoups de l’affaiblissement de la croissance en Europe, notamment en matière d’exportations et de tourisme.

Usine textile de la société Ditex, spécialisée dans la vente à l’étranger, près de Tunis. © imagesdetunisie.com

Usine textile de la société Ditex, spécialisée dans la vente à l’étranger, près de Tunis. © imagesdetunisie.com

Publié le 28 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

La crise de la dette dans la zone euro va-t-elle s’étendre jusqu’à provoquer un nouvel affaiblissement de la croissance au sein de l’Union européenne (UE) ? À Tunis, et même si ce n’est jusque-là qu’une hypothèse, la question est prise au sérieux. Une haute commission mise en place en septembre 2008 pour suivre la crise financière mondiale examine actuellement les conséquences de la dépréciation de l’euro sur les marchés et les moyens permettant de se « prémunir » contre les effets d’une éventuelle chute de la croissance européenne.

Plus encore que d’autres pays de la rive sud de la Méditerranée, la Tunisie, liée par un accord d’association avec l’UE depuis 1995, est fortement dépendante du Vieux Continent en matière d’exportations, de recettes touristiques et, dans une moindre mesure, de transferts d’argent des émigrés et d’investissements directs étrangers (IDE).

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Cette dépendance « rend la Tunisie potentiellement vulnérable aux fluctuations de la croissance au sein de l’UE », estime le Fonds monétaire international (FMI) dans une étude publiée le 12 mai, alors que la monnaie unique européenne poursuivait sa dégringolade.

L’UE fournit 76 % des recettes d’exportation de biens de la Tunisie (qui contribuent au PIB à hauteur de 47 %), 90 % des transferts financiers des émigrés (5 % du PIB), 83 % des revenus du tourisme (7 % du PIB) et 73 % des IDE. « Reflétant ces liens, ajoute l’étude du FMI, la croissance annuelle en Tunisie semble de plus en plus synchronisée avec celle de ses principaux partenaires commerciaux européens. »

L’effet de la première crise, s’il a été quasi nul sur le secteur financier, qui se trouve à l’abri des chocs étrangers, a en revanche affaibli la croissance en Europe, ce qui a touché la Tunisie : en 2009, ses exportations ont chuté de 18 % par rapport à 2008. Les recettes du tourisme et les transferts des émigrés, exprimés en devises, ont respectivement baissé de 8 % et 7 %. La production industrielle a reculé de 18 %.

Prémices d’une relance

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L’économie tunisienne a tout de même été extraordinairement résiliente en échappant à la récession qui a touché ses partenaires européens. La croissance du PIB, habituellement de 5 % en moyenne, se situerait à 3,1 % pour 2009, ne baissant que de deux points, en grande partie parce que les services représentent 50 % de la structure économique. « Mais c’est avec vigilance que la Tunisie attend la suite », estime un banquier, car un éventuel ralentissement en Europe devrait se traduire par un impact sur la balance des paiements. Jusque-là, la croissance prévue pour 2010 est à la relance, avec un taux de 4 %, d’autant que, pour les quatre premiers mois de l’année, les exportations ont crû de 16 % par rapport à la même période l’an dernier, et les IDE de 6 %. Les fondamentaux monétaires sont de bon augure : le déficit budgétaire est autour de 3 %, le même taux de convergence auquel les pays membres de la zone euro sont tenus, mais que certains ont largement dépassé. Très à cheval sur la question des équilibres monétaires, le gouvernement étudie les moyens de parvenir à une meilleure discipline en la matière, de rationaliser la consommation et de donner un grand coup de pouce aux exportations.

« C’est via les exportations et le tourisme que la crise de 2008 a eu le plus d’impact sur la croissance en Tunisie, estime le patron d’un grand groupe industriel. Et c’est à travers eux que la crise de la zone euro pourrait avoir de nouvelles conséquences néfastes, ce qui n’arrangerait pas nos affaires au moment où les prémices d’une relance se manifestent. Mon plus grand souhait est que les Européens parviennent à limiter les dégâts, et que la dépréciation de l’euro ne soit que passagère. »

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Relever les défis est le leitmotiv dans le discours politique officiel depuis l’an dernier. La crise de l’euro en est un autre, dont le pays se serait cependant bien passé. 

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