Affaire Clotilde Reiss : les dessous d’une libération

D’après Nicolas Sarkozy lui-même, le Sénégal a joué un rôle « déterminant » dans la libération de Clotilde Reiss. Les Wade père et fils, qui ont l’oreille de Mahmoud Ahmadinejad, se sont impliqués personnellement dans le dossier. Même si la France leur a, un temps, demandé de suspendre leur médiation…

Karim Wade, reçu à Téhéran, le 31 mars, par Mahmoud Ahmadinejad. © D.R.

Karim Wade, reçu à Téhéran, le 31 mars, par Mahmoud Ahmadinejad. © D.R.

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Publié le 26 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

La libération, le 16 mai, par les autorités iraniennes de la jeune Française Clotilde Reiss suscite bien des conjectures. Quel a été par exemple le rôle du Sénégal dans l’opération ? « Déterminant », si l’on en croit une lettre en date du 16 mai adressée par Nicolas Sarkozy à Abdoulaye Wade pour le remercier de « son implication personnelle ».

Dès octobre 2009, le chef de l’État sénégalais s’empare du dossier à la suite d’une visite d’État en Iran. Une médiation qui, dès le 18 du même mois, obtient le feu vert de l’Élysée. Les Iraniens, qui ont confiance en Wade et se méfient de Sarkozy et de Bernard Kouchner, son ministre des Affaires étrangères, acceptent de discuter avec lui des modalités d’une éventuelle libération.

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Mais à la mi-novembre, André Parant, le « Monsieur Afrique » de l’Élysée, demande aux Sénégalais de suspendre leur médiation afin de laisser les autorités françaises explorer leurs propres pistes. On parle de la Syrie, de contacts directs avec les Iraniens… Manifestement, Parant et Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Sarkozy, ne croient pas à l’option sénégalaise.

Wade et Bourgi à Téhéran

C’est à l’issue d’une rencontre, le 26 mars à Paris, entre Karim Wade, ministre d’État et fils du président, et Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, que les Sénégalais reprennent le dossier en main, les pistes évoquées précédemment n’ayant pas abouti. La suite est plus connue (voir le récit publié sur jeuneafrique.com).

Du 29 mars au 1er avril, Karim Wade et l’avocat Robert Bourgi sont dépêchés à Téhéran. Les tractations entre les trois parties évoluent positivement. Le 16 avril, Sarkozy adresse une lettre au président sénégalais concernant le contexte de l’affaire Reiss. Le 11 mai, les Iraniens communiquent à Wade leur décision de libérer la jeune femme et lui demandent d’en informer Paris. Le 14, Madické Niang, le ministre des Affaires étrangères, Karim Wade et Robert Bourgi débarquent à Téhéran pour régler les derniers détails. Le lendemain, le président Mahmoud Ahmadinejad annonce publiquement la libération de Reiss, mais souhaite qu’elle ne quitte le territoire iranien qu’après l’arrivée d’Abdoulaye Wade à Téhéran. De fait, son passeport ne lui sera rendu qu’à l’arrivée du président sénégalais, le 15 mai à 23 h 30, ce qui l’empêchera de prendre comme prévu le vol KLM du soir à destination d’Amsterdam. Elle devra attendre jusqu’au lendemain à l’aube le vol Emirates pour Dubaï. Ce même jour, en fin de matinée, Claude Guéant puis Nicolas Sarkozy appelleront Abdoulaye Wade pour le remercier.

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