À couteaux tirés

Pour sortir de la « crise multidimensionnelle » dans laquelle le pays est plongé, l’opposition ne voit qu’une solution : le départ du chef de l’État.

Dans les faubourgs de Nouakchott, la capitale mauritanienne. © AFP

Dans les faubourgs de Nouakchott, la capitale mauritanienne. © AFP

Publié le 19 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

L’opposition mauritanienne fourbit ses armes. Lors d’une réunion, le 7 mai, dans un hôtel de Nouakchott, elle a abouti à une conclusion radicale : le chef de l’État, Mohamed Ould Abdelaziz, doit partir. Des ténors ont participé à la rencontre, notamment Ahmed Ould Daddah, chef du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et porte-parole institutionnel de l’opposition, ainsi que Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale et chef de l’Alliance populaire progressiste (APP). En avril dernier, ce tribun avait déjà donné le la, appelant à la « chute du régime ».

Absence de dialogue et de vision politique, clientélisme, vie chère : pour l’opposition, la Mauritanie est « plongée » dans une « crise multidimensionnelle » depuis l’arrivée au pouvoir d’Ould Abdelaziz. Auteur d’un putsch en août 2008, il a été élu en juillet 2009 lors d’un scrutin dont Ould Daddah et Ould Boulkheir, également candidats, avaient dénoncé les irrégularités.

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Cette « crise » n’est pas une vue de l’esprit. La population (3 millions d’habitants) souffre de la flambée des prix. En août 2009, un sac de riz de 50 kg coûtait 6 500 ouguiyas (environ 18 euros), contre 11 000 aujourd’hui. Une situation en contradiction avec les promesses d’Ould Abdelaziz, qui s’était présenté pendant la campagne comme « le président des pauvres ». Résultat : « Les habitants ont l’impression que le gouvernement ne s’occupe pas d’eux », estime un diplomate.

Autre fait avéré, l’absence de dialogue entre pouvoir et opposition. La loi prévoit que le chef de file de cette dernière – Ahmed Ould Daddah aujourd’hui – soit régulièrement reçu par le président. Ce qui n’a jamais été le cas depuis juillet dernier. « Le pays ne peut s’offrir le luxe d’avoir une classe politique qui ne se parle pas, il y a trop de problèmes à régler », ajoute la même source diplomatique.

Est-ce une raison suffisante pour réclamer le « départ » d’un chef d’État ? « L’opposition a perdu tout espoir de négociation », selon un cadre du RFD. En revanche, elle n’a pas prévu la forme dudit départ. Coup d’État, destitution régulière ? Elle n’apporte aucune réponse précise. Par prudence, peut-être. À moins que la position prise le 7 mai soit une provocation pour ouvrir le dialogue. Selon une source proche, Ould Daddah pourrait l’accepter si « Aziz » faisait le premier pas. Ould Boulkheir campe en revanche sur une position ferme. Les déclarations communes de l’opposition cachent des divisions. Le chef de l’État le sait, qui n’a pas réagi à l’appel du 7 mai. La fragilité inhérente au pouvoir en Mauritanie ne le met cependant pas à l’abri.

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