La nouvelle route de la soie

Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent signer, vendredi 14 mai, un accord inédit de coopération stratégique avec Pékin.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. © AFP

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. © AFP

Publié le 14 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

« Ce qui va se passer en mai est important. La Chine instaure un partenariat stratégique avec l’ensemble des pays arabes. Imaginez un monde où la Chine est le partenaire privilégié de l’Afrique et du monde arabe. L’équilibre global est en train de changer… » En poste à Pékin, le diplomate qui tient ces propos a vu s’intensifier, ces dernières années, les échanges de visites officielles entre ministres arabes et chinois. Prochain rendez-vous : le sommet des 13 et 14 mai, qui réunira, comme tous les deux ans, les ministres arabes des Affaires étrangères, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et les responsables chinois.

Exportatrice de pétrole jusqu’au début des années 1990, la Chine avait alors des échanges limités avec le monde arabe. Sa croissance et sa soif d’or noir ont changé la donne. Elle importe actuellement plus de 50 % de sa consommation de pétrole du Moyen-Orient, devenant même, en 2009, le premier acheteur du brut saoudien, devant les États-Unis.

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Contrepoids à l’Occident

Les deux parties se font aujourd’hui les yeux doux, se félicitant du renouveau des liens tissés autrefois le long de la route de la soie. Les nations arabes apprécient ce nouveau partenaire, vierge de tout passé colonial dans la région, qui soutient la création d’un État palestinien, tout en faisant de la non-ingérence la pierre angulaire de sa diplomatie. Miracle économique piloté par un pouvoir autoritaire, il représente aussi un modèle alternatif pour des régimes peu enclins à engager des réformes démocratiques.

La Chine s’est longtemps opposée à l’adoption de sanctions contre Téhéran avant d’infléchir légèrement sa position récemment, comme le souhaite notamment l’Arabie saoudite. « Il y a dix ou quinze ans, je ne crois pas que la Chine aurait résisté aussi longtemps, estime Chris Zambelis, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut de veille géopolitique Helios Global. Ses intérêts n’étaient pas aussi forts. Mais le pétrole n’est pas son seul centre d’intérêt au Moyen-Orient. Les Chinois, fournisseurs de biens de consommation, sont aussi présents dans la construction et l’industrie, et participent à la création de zones économiques spéciales… » De fait, entre 2004 et 2009, le volume des échanges entre les pays arabes et la Chine est passé de 36 milliards à 108 milliards de dollars.

Pékin peut ainsi faire figure de contrepoids à l’Occident. « On voit certains pays, très liés aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, se rapprocher de la Chine, conclure des accords industriels, pétroliers, de vente d’armes, analyse Théodore Karasik, de l’Institut pour l’analyse militaire du Moyen-Orient et du Golfe (Inegma). C’est aussi une façon de dire aux États-Unis et à l’Europe : “Nous ne sommes pas dépendants de vous.” »

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