Rwasa, ancien rebelle en quête d’honorabilité

Le leader des Forces nationales de libération (FNL), l’ancienne rébellion, défendra les couleurs de son parti à la présidentielle de 2010. Une première participation qui lui permettra de tester sa popularité.

Rentré au pays en 2008, Agathon Rwasa s’est battu pour rester à la tête de son parti © AFP

Rentré au pays en 2008, Agathon Rwasa s’est battu pour rester à la tête de son parti © AFP

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 22 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Depuis son retour définitif au Burundi, en mai 2008, mettant ainsi fin à une guerre qui durait depuis le début des années 1990, Agathon Rwasa croit aux vertus du dialogue. Dans le cadre des accords de paix signés avec le gouvernement, un poste plutôt modeste lui a été confié : la direction de l’Institut national de sécurité sociale. Quant à savoir si cette fonction lui convient, il se contente de dire : « Cela me plaît car je suis au service de mon pays. » Ces derniers mois, son parti a connu une querelle de leader­ship, qu’il a fini par remporter.

Né en janvier 1964 dans la province de Ngozi (nord du Burundi), ex-étudiant à la faculté de psychologie de l’université de Bujumbura, dans les années 1980, Agathon Rwasa a vécu dangereusement pendant longtemps. Tout bascule à partir d’août 1988 lorsque, à la suite d’une attaque lancée par le Parti pour la libération du peuple hutu (Palipehutu, fondé par Rémi Gahutu en 1980) dans les localités de Ntega et de Marangara, des Tutsis sont tués. La répression de l’armée burundaise à l’égard des Hutus est terrible.

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Un croyant réputé cruel

Rwasa, comme beaucoup d’autres membres de cette communauté, s’enfuit en Tanzanie. Après avoir vécu dans un camp de réfugiés, il revient clandestinement dans son pays au début des années 1990. C’est le début de la lutte armée. Secrétaire de la commission chargée de l’information, il sera ensuite promu commandant. « La guerre, se justifie-t-il, était le seul moyen de faire plier un pouvoir oppresseur. » Dans la confusion qui suit l’assassinat du président du Palipehutu, en 1990, Rwasa, habile, s’empare des rênes du parti. Et pour ses détracteurs le transforme en une sorte de « secte évangélique ».

De sa vie de guérillero, Agathon Rwasa a appris que « la vie est rude mais facile s’il y a cohésion et esprit d’équipe ». Elle lui a permis de bien connaître son pays, sa société et « la puissance de Dieu ». Selon lui, « se battre pour une cause juste n’est pas contradictoire avec la foi ». La religion et un passé de chef rebelle, c’est ce que Rwasa a en commun avec son rival, Pierre Nkurunziza. « Je ne le connais pas beaucoup, ne l’ayant vu que deux ou trois fois », commente Agathon Rwasa. Les deux hommes, qui combattaient pourtant le même adversaire, n’ont jamais sympathisé et se sont même affrontés. La raison ? « Nous n’avions pas la même vision de la lutte ni la même idéologie », répond le leader des FNL.

En 2005, il est contesté et évincé de la direction du mouvement. Ses amis lui reprochent sa cruauté, notamment l’élimination physique de ses adversaires et le massacre de réfugiés tutsis congolais, à Gatumba, en 2004. « Je n’ai jamais pratiqué la culture de la cruauté. Au lieu de diaboliser, il faut plutôt enquêter. »

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Après avoir repris le contrôle de la situation, Rwasa opte pour le dialogue avec Nkurunziza en 2006. En briguant la magistrature suprême, il promet, s’il est élu, de « cimenter la réconciliation des Burundais ». Cet amateur de gospel se marie cette année, au lendemain de Noël, le 26 décembre.

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