Partie de cache-cache

Depuis l’interpellation musclée de Hannibal Kadhafi et de son épouse à Genève, en juillet 2008, Tripoli ne décolère pas. Et se plaît à jouer au chat et à la souris avec Berne.

Publié le 9 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Verra-t-on bientôt Interpol délivrer un avis de recherche contre le président de l’Union africaine (UA) et « roi des rois d’Afrique », Mouammar Kadhafi, et son fils Hannibal ? Bluff ou non, leur poursuite pour kidnapping et séquestration est l’une des options auxquelles la Confédération helvétique pourrait être forcée de recourir si les deux citoyens suisses « retenus » en otages en Libye depuis plus de quatorze mois et portés disparus depuis le 18 septembre n’étaient pas libérés.

Les deux hommes sont les victimes collatérales de la « guerre » déclenchée par le clan Kadhafi au lendemain de l’arrestation musclée par la police suisse d’Hannibal et de son épouse, enceinte de huit mois, le 15 juillet 2008, dans un palace de Genève, après une plainte pour mauvais traitements déposée par deux de leurs domestiques. Un rapport d’enquête établi par le juge confédéral suisse Lucius Caflisch confirmera que Hannibal et son épouse ont été traités de manière « humiliante » et que le juge d’instruction genevois aurait dû tenir compte de la présomption d’innocence et se limiter à délivrer un mandat de « comparution » et non un mandat « d’emprisonnement » provisoire de deux jours.

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Depuis, Tripoli ne décolère pas, multipliant les mesures de rétorsion aveugles contre tout ce qui est suisse. Max Göldi, employé de la compagnie ABB, et Rachid Hamdani, un Suisse d’origine tunisienne travaillant pour une entreprise helvète au port de Misrata, sont arrêtés, avant d’être relâchés avec ordre de ne pas quitter le pays. Le gouvernement libyen exige des excuses de la Confédération. Bravant les sarcasmes des opposants suisses, qui lui reprochent de s’être « aplati », Hans-Rudolf Merz, le président de la Confédération, se rend en personne à Tripoli le 20 août 2009 pour présenter des excuses et signer avec le Premier ministre, Mahmoud Baghdadi, un accord visant à normaliser les relations entre les deux pays, avec à la clé la promesse que les deux Suisses rentreront bientôt chez eux. Mais le clan Kadhafi juge ces excuses insuffisantes et exploite les excès de langage des « va-t-en-guerre » minoritaires suisses, qui évoquent une intervention des unités d’élite de leur armée pour « exfiltrer » les deux otages et dont un député a même demandé que le Parlement déclare la guerre à la Libye. Le 18 septembre, on perd la trace de Göldi et de Hamdani. Kadhafi rencontre Merz à New York en marge des Assemblées générales de l’ONU et lui explique que c’est pour assurer leur « sécurité », promettant de s’occuper personnellement de l’affaire.

Apparemment, il n’en a pas eu le temps, et la situation a empiré. Göldi et Hamdani n’ont toujours pas donné signe de vie. Berne, pour la première fois, parle d’enlèvement et élabore une stratégie de riposte tenue secrète. La rupture formelle des relations diplomatiques est exclue, mais des plaintes pour kidnapping et séquestration pourraient être déposées. La Suisse peut en outre demander à l’Union européenne de ne plus délivrer de visas Schengen à certains responsables libyens. Hannibal, réputé pour ses frasques dans les capitales européennes, appréciera.

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