France-Egypte : la guerre des musées

Fresque funéraire de Ramsès Ier à Louxor © Preau Louis-Marie/Hemis

Fresque funéraire de Ramsès Ier à Louxor © Preau Louis-Marie/Hemis

Publié le 13 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Rendront-ils ou ne rendront-ils pas ? Une sombre affaire de fresques « volées » empoisonne les relations franco-égyptiennes. L’objet du délit provient d’une tombe thébaine de la vallée des Rois, près de Louxor, datant de plus de 3 000 ans. Les fragments au nombre de cinq – auraient quitté le territoire égyptien illégalement avant d’être acquis par le musée français du Louvre entre 2000 et 2003. « En toute bonne foi », plaide Paris.

Pour le Conseil des antiquités du Caire, il y a maldonne. Zahi Hawass, son directeur, accuse le Louvre d’avoir acheté ces objets en connaissance de cause et réclame leur restitution. La France ayant tardé à réagir, l’Égypte a annoncé, le 6 octobre, la suspension de ses relations archéologiques avec le musée.

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Dans les milieux gouvernementaux français, on met ce coup de semonce du Caire sur le compte du climat de suspicion qui règne entre les deux pays après l’échec de la candidature de Farouk Hosni, le ministre égyptien de la Culture, au poste de directeur général de l’Unesco. La presse égyptienne attribue en effet cet échec à la campagne virulente menée par plusieurs intellectuels français, dont Bernard-Henri Lévy, contre ce proche du président Moubarak.

Dans un geste d’apaisement, Frédéric Mitterrand, le ministre français de la Culture, s’est dit prêt à rendre les pièces en question si l’illégalité de leur provenance est prouvée et si la Commission scientifique nationale des collections muséales de France donne un avis favorable.

Cette querelle n’est pas un phénomène isolé. De plus en plus de pays de culture ancienne (l’Égypte, l’Inde, la Grèce, l’Afghanistan, la Chine…) revendiquent leur souveraineté sur leur patrimoine dispersé dans le monde, souvent à la faveur de la colonisation. Et réclament la restitution de leurs trésors pillés par des musées occidentaux.

En février dernier, le Royaume-Uni a montré la voie en rendant quelque deux mille pièces au Musée national afghan. Statues en ivoire, encensoirs en bronze, plaques de pierre ornées de scènes de combat d’animaux… ces œuvres d’une valeur inestimable, volées à la faveur de décennies de guerre, dormaient dans les sous-sols des musées anglais depuis leur interception, en 2004, par les douaniers de Heathrow. Depuis le 6 octobre, les Afghans peuvent admirer leurs trésors retrouvés au musée de Kaboul. Mais si ce dernier renaît lentement de ses cendres, il reste menacé par les talibans…

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