3 questions à Nasser David Khalili
Collectionneur et homme d’affaires.
Jeune Afrique : Vos parents étaient marchands d’art. Vous ont-ils enseigné cette passion ?
Nasser David Khalili : Il y a certaines choses que l’on enseigne, et certaines avec lesquelles on naît. La passion et l’expérience ne s’injectent pas avec une seringue. Ce que mes parents m’ont enseigné, c’est la moralité, l’honnêteté et l’humilité, nécessaires quand on veut être collectionneur. Collectionner est une tâche difficile. Celui qui achète quatre ou cinq peintures et les garde à la maison pour sa propre satisfaction n’est pas digne de ce nom. Un collectionneur, c’est quelqu’un qui collecte, protège, étudie, publie et expose.
Quel est le premier objet d’art islamique que vous avez acheté ?
Je ne l’ai pas acheté, on me l’a donné. Je devais avoir 14 ou 15 ans et mon père m’avait emmené chez un ami. Il y avait sur un bureau un plumier en laque que j’ai regardé pendant toute la durée de la discussion. À la fin, l’ami de mon père m’a demandé ce qui m’avait tant fasciné. J’ai dit : « Il y a 800 personnages différents sur ce champ de bataille et même les chevaux ne se ressemblent pas. » Il était surpris de n’avoir jamais vraiment regardé cet objet, et il me l’a donné.
Vous croyez en l’art comme instrument de paix et d’entente entre les peuples ?
La politique et la religion ont chacune leur langage, tandis que le langage de l’art est universel. J’utilise mes collections comme un langage permettant de bâtir des passerelles. Je veux montrer ce que la culture islamique a apporté à l’Occident. Et j’aimerais que cette exposition, en France, soit perçue comme un symbole d’harmonie entre les Français non-musulmans et les Français musulmans.
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