Présidentielle : des « parrains » attentifs

Les pays voisins et la France observent avec une certaine appréhension ce rendez-vous électoral. Et expriment, discrètement, leur préférence.

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 27 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Une certaine inquiétude, tout de même. C’est avec ce prisme tendu que les principaux voisins du Gabon et son partenaire historique, la France, observent l’échéance du 30 août, dont ils redoutent qu’elle avive un climat de tensions intercommunautaires latent depuis toujours, mais maintenu vaille que vaille sous couvercle par le patriarche défunt. On observe, mais on tente aussi, discrètement, d’influer en fonction de ses propres intérêts, en évitant évidemment de trop s’afficher. Ainsi, ce n’est un secret pour personne que, vu de Paris et tout particulièrement du bureau présidentiel où officie Nicolas Sarkozy, Ali Bongo a toutes les allures du « right man at the right place ». Plusieurs de ses proches étaient il y a peu dans la capitale française pour énoncer tout le bien qu’ils pensent de l’héritier. Mais c’est surtout Jean-Pierre Lemboumba, ex-grand argentier d’Omar Bongo, qui fait figure de référence au plus haut niveau. L’ancien et tout-puissant coordinateur des affaires présidentielles a été reçu début juillet par le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, en compagnie de l’incontournable Robert Bourgi.

Reste à vérifier si le soutien (même tacite) de la France est un avantage ou un handicap sur les rives de l’Ogooué, surtout en cas de polarisation de la campagne autour de la personnalité d’Ali Bongo et d’ethnicisation du débat électoral – « c’est le tour des Fangs », entend-on de plus en plus souvent à Libreville. Des candidats de poids comme André Mba Obame et Casimir Oyé Mba préfèrent ainsi laisser dire qu’ils bénéficient d’appuis régionaux plutôt que de l’aide encombrante (et il est vrai quasi inexistante en ce qui les concerne) de la néo-Françafrique. Le premier, originaire de Médouneu à la frontière équato-guinéenne, suscite une discrète sympathie dans l’entourage du président Obiang Nguema – dont on sait par ailleurs, au regard de la position ultranationaliste prise par celui-ci dans l’affaire de l’îlot contesté de Mbanié, qu’Ali Bongo n’est pas sa tasse de thé. Le second, ancien gouverneur de la Beac à Yaoundé pendant douze ans, avant de devenir sans doute le meilleur Premier ministre que le Gabon ait connu, a toujours entretenu de bonnes relations avec le président Paul Biya, lequel, le recevant en marge des obsèques d’Omar Bongo, ne lui aurait pas caché son souhait de le voir postuler à la magistrature suprême. Avec le Cameroun et la Guinée équatoriale, le Congo est le troisième pays frontalier directement intéressé par la nouvelle donne gabonaise. « Je ne resterai pas indifférent », avait d’ailleurs déclaré à J.A. le président Sassou Nguesso peu avant sa réélection. « Les problèmes du Gabon sont aussi les nôtres. » Si Brazzaville a pu avoir à un moment des tendresses pour le général téké Idriss Ngari, également apprécié à Paris du côté des militaires et de la DGSE, ce dernier n’est en définitive pas candidat. Sur fond de deuils croisés, le rapport entre ces deux pays frères est plus complexe que jamais…

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