Jeannot Bemba Saolona

L’homme d’affaires congolais et père du leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) est décédé le 2 juillet à Bruxelles.

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Publié le 6 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Originaire du Sud-Ubangi (province de l’Équateur, au nord-ouest de la RD Congo), Jeannot Bemba Saolona, qui allait fêter ses 68 ans en septembre, a été, dans le domaine des affaires, l’un des piliers du régime zaïrois. Très proche du maréchal Mobutu Sese Seko (Nzanga Mobutu, fils de l’ancien président zaïrois, a épousé une fille Bemba), il a longtemps été un homme puissant. Self-made-man, sans formation supérieure, c’est en tant qu’entrepreneur qu’il s’exprimait le mieux. Son expérience lui vaudra de diriger l’Association nationale des entreprises du Zaïre (Aneza). Investissant à tour de bras, ses activités vont du café aux minerais précieux, en passant par l’importation et l’exportation de produits agricoles et le transport aérien.

La plus grande aventure de Bemba Saolona reste la création, dans les années 1980, de Scibe Zaïre, la première compagnie aérienne privée, qui, outre les vols domestiques, assure le transport des passagers entre Kinshasa et Bruxelles. Une façon, disaient à l’époque certains de ses compatriotes, de contribuer à la mort de la société nationale Air Zaïre, alors en difficulté. L’homme devait-il sa réussite à Mobutu ? Était-il son associé ? Son homme de paille ? Certains n’ont pas hésité à l’accuser de servir les intérêts du maréchal. Il sera aussi suspecté d’utiliser ses avions pour approvisionner l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) de Jonas Savimbi, en lutte contre le gouvernement de Luanda. 

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Au début des années 1990, le désordre qui règne au Zaïre après l’ouverture démocratique prônée par le pouvoir donne lieu à des pillages aux conséquences désastreuses pour le tissu économique. Pour beaucoup d’entrepreneurs, c’est le déclin. Survient ensuite la guerre menée par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila à partir d’octobre 1996, qui conduit à la chute du maréchal en mai 1997. Mais, contrairement à la plupart des barons de l’ancien régime, Bemba Saolona refuse de s’exiler. Les nouveaux dirigeants l’embastillent et lui confisquent ses biens. Pendant ce temps, son fils Jean-Pierre, à la tête d’un groupe rebelle, prend les armes contre Kabila. Voulant se servir du père pour atteindre le fils, le « Mzee » nomme Bemba Saolona ministre de l’Économie et de l’Industrie en mars 1999. Malgré la condamnation publique de l’action du chef du MLC à laquelle il se livre, rien ne change dans l’attitude du fils rebelle.

Bemba Saolona sera nommé, en 2003, membre du Parlement de ­transition pour le compte du MLC. En 2006, il est élu sénateur dans son fief du Sud-Ubangi. Ces derniers temps, il s’était beaucoup investi pour réclamer la libération de son fils, emprisonné à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI).

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