Peau de chagrin

Après les banques, les entreprises exportatrices s’apprêtent à vivre une année 2009 très, très difficile.

Publié le 28 avril 2009 Lecture : 3 minutes.

Depuis le mois de janvier, c’est une véritable litanie. L’une après l’autre, les grandes puissances économiques annoncent une diminution de leurs exportations comprise entre 20 % et 30 %, conséquence d’une cascade d’annulations de commandes. Ces dernières s’expliquent tantôt par une chute de la consommation, tantôt par la perte d’un crédit de financement. Bref, après avoir ravagé les banques en 2008, la crise frappe cette année durement les entreprises exportatrices.

À la veille du sommet du G20, le 2 avril à Londres, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas cherché à minimiser la gravité de la situation : elle s’attend à une baisse des opérations commerciales de 9 %, à prix constants, en 2009, contre une progression de 12 %, en moyenne, entre 2000 et 2008.

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Bien sûr, les conséquences de cette contraction – la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale – se feront sentir sur les activités connexes (transit, transport, assurance, production) et sur les équilibres macroéconomiques des États (déficit budgétaire consécutif à la baisse des recettes douanières, déficit des comptes en devises, etc.).

Comme l’on sait, le commerce est le système nerveux de l’économie mondiale. Le total des échanges a atteint 16 000 milliards de dollars en 2008, trois fois plus qu’en 1998. L’analyse des flux par pays et par région permet de mieux mesurer l’impact de la crise. Présentés ci-contre sous la forme de quatre infographies, ses résultats sont en effet éloquents.

 

1. Le commerce mondial a commencé de stagner à partir du 2e trimestre de 2008, soit plusieurs mois après le premier fléchissement de la production mondiale, avant de s’effondrer : 3 000 milliards de dollars au 1er trimestre 2009, contre 3 900 milliards une année auparavant. À titre indicatif, le montant des exportations africaines a été de 561 milliards pour toute l’année en 2008.

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2. L’Europe et l’Asie, qui assurent respectivement 45 % et 27 % des exportations mondiales, sont les continents les plus touchés. En Afrique, qui ne « pèse » que 4 %, la situation est nuancée. Plusieurs pays dépendent à plus de 90 % de leurs ventes de matières premières (mines et hydrocarbures). Avec l’effondrement des cours du baril de pétrole entre 2008 et 2009 (de 100 dollars à 50 dollars), leurs recettes vont évidemment – à quantités égales – diminuer de moitié. Pour les minerais, le manque à gagner sera de l’ordre de 30 %. Résultat, selon la Banque africaine de développement (BAD), les pays africains risquent de perdre au total 250 milliards de dollars en 2009.

3. L’essentiel du commerce mondial est concentré entre les mains d’un nombre relativement restreint de pays : les vingt-cinq premiers assurent plus des trois quarts (76 %) du total. Leader mondial avec 1 465 milliards de dollars de marchandises exportées en 2008, l’Allemagne devance de peu la Chine et les États-Unis. Mais elle fait deux fois mieux que le Japon. Champion d’Afrique, le Nigeria se classe en 40e position (82 milliards), juste devant l’Afrique du Sud (81) et l’Algérie (78). Ex-colonie britannique, Hong Kong n’a rien perdu à devenir, en 1997, une « région administrative spéciale » de la Chine populaire. Elle reste une plaque tournante du commerce mondial, qui importe et réexporte en l’état pour 353 milliards de dollars de marchandises (autant que les ventes totales de l’Arabie saoudite), alors que les marchandises de fabrication locale ne représentent que 17 milliards (autant que le Maroc). Autre plate-forme maritime, Singapour réalise la moitié de son commerce (soit 162 milliards de dollars en 2008) avec des produits qui entrent sur son territoire et en ressortent dans le même état, après avoir simplement changé de destination.

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4. Le classement des exportations par habitant fait la part belle aux pays producteurs d’hydrocarbures. Cinq d’entre eux figurent dans le peloton de tête : le Qatar (69 000 dollars) se classe à la première place, juste devant les Émirats arabes unis (52 000). Le Koweït (37 000 dollars) est 7e, la Norvège (36 000) 8e et la Guinée équatoriale (28 000) 10e. Avec 10 000 dollars, la France arrive en 25e position, loin devant le Japon (6 100 dollars, 40e) et les États-Unis (4 300, 50e). Dans la fourchette des 2 000-3 000 dollars figurent notamment l’Algérie, la Tunisie, le Botswana, la Grèce, le Congo et Maurice. Et sous la barre des 2 000 dollars, une centaine de pays parmi lesquels l’Argentine, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Nigeria, la Turquie et la Chine. L’Érythrée, qui vit en ­quasi-autarcie, arrive bonne dernière avec… 3 dollars.

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