Pétroliers et paysans, tous perdants

Producteurs de brut ou de coton, Afrique centrale ou de l’Ouest, aucun pays n’échappe à la contraction des exportations.

Publié le 20 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le vrai coût de la crise
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Le vrai coût de la crise

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Évidemment, un baril de pétrole autour de 50 dollars au lieu de 140 dollars, cela change la donne. Les victimes immédiates sont les balances commerciales et les budgets des États. Selon la Banque africaine de développement (BAD), les pertes sur les recettes d’exportation vont s’établir à 200 milliards de dollars en 2009 et 220 milliards en 2010 pour les seuls pays exportateurs de brut. Avec 50 milliards de recettes contre 89 milliards prévus, le Nigeria est le plus fragilisé. Viennent ensuite l’Angola, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, le Tchad, le Gabon et le Cameroun… La plupart de ces pays ont adopté d’urgence une loi de finances rectificative.

Ailleurs, la crise exacerbe la fragilité de secteurs stratégiques. La contraction de la demande sur les produits de rente, qu’ils soient miniers (cuivre, manganèse, bauxite …) ou agro-industriels (hévéa, café, bois…), plonge les filières dans le rouge. « La situation est sérieuse pour les pays dont l’économie repose sur un produit », explique Obiageli Ezekwesili, la vice-présidente de la Banque mondiale. Exemple en Centrafrique, pays des plus vulnérable, où, faute d’acheteurs, l’abattage de certaines essences comme le sapelli est stoppé. La Société d’exploitation forestière en Centrafrique (Sefca) a dû licencier la moitié de son personnel. Au Gabon, la baisse de 11 % observée en 2008 sur les exportations de grumes s’accentue. 

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Pénurie de capitaux privés

Même tendance pour le caoutchouc (notamment en Côte d’Ivoire et au Liberia), qui subit une décote depuis plusieurs semaines car dépendant des industries automobiles du Nord. Fin 2008, le kilo oscillait entre 370 et 430 F CFA. Il est actuellement en dessous de 200 F CFA. La morosité des cours du coton en raison de la contraction de la demande chinoise affecte également tous les producteurs, en tête desquels le Burkina (600 000 tonnes attendues en 2009-2010), puis le Mali, le Togo, le Tchad… Idem pour la filière phosphate au Sénégal et au Togo, où 400 salariés de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) ont été licenciés en janvier. En Guinée-Conakry, les projets miniers (fer et bauxite) sont reportés.

De grosses tensions budgétaires sont donc à craindre. D’autant que, face au recul des échanges, à l’assèchement des capitaux et à la baisse des rentrées fiscales, les gouvernements prennent des mesures pour relancer l’emploi et soutenir le secteur privé. D’où un impact négatif sur les investissements publics. Qu’en est-il, par exemple, du futur aéroport international de Dakar ? Partout, des projets dans le secteur énergétique sont remis en cause. Le FMI évalue à 530 milliards de dollars la chute des transferts de capitaux privés vers les pays en développement entre 2007 et 2009.

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