Maroc : il y a quinze ans, la mort de Hassan II

Il y a tout juste quinze ans, le 23 juillet 1999, le roi du Maroc Hassan II s’éteignait à Rabat après trente-huit ans de règne. « Jeune Afrique » réédite un article de son n° 2480, qui revient sur cette journée historique.

Détail de l’article de Dominique Mataillet paru dans le JA n° 2480. © JA

Détail de l’article de Dominique Mataillet paru dans le JA n° 2480. © JA

Publié le 23 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Rarement les funérailles d’un chef d’État auront suscité une telle ferveur populaire. Le dimanche 25 juillet 1999, des centaines de milliers de Marocains se pressent dans les rues de Rabat pour voir passer le cortège qui conduit Hassan II à sa dernière demeure, le mausolée de marbre blanc où repose déjà son père, Mohammed V. Rarement, aussi, autant de hautes personnalités se seront retrouvées pour rendre un ultime hommage à l’un des leurs. Du président américain Bill Clinton au Premier ministre israélien Ehoud Barak, en passant par le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, le roi d’Espagne Juan Carlos et une vingtaine de chefs d’État du continent africain, le gotha mondial a fait le déplacement pour saluer l’homme qui a présidé pendant trente-huit ans aux destinées de l’une des plus veilles monarchies du monde.

La nouvelle à été officiellement annoncée au soir du vendredi 23 juillet : le dix-septième souverain de la dynastie alaouite est mort à l’hôpital Ibn-Sina (Avicenne) de Rabat, où il a été admis en fin de matinée. Il avait fêté ses 70 ans deux semaines auparavant, le 9 juillet. Hassan II souffrait depuis plusieurs années de troubles à la fois cardiaques et pulmonaires. En 1995 déjà, il avait été hospitalisé en urgence dans un établissement spécialisé de New York. Il était suivi en permanence par des médecins américains, français et marocains, mais refusait d’aller se faire soigner hors de son pays. L’état de fatigue du souverain n’était pas passé inaperçu le 14 juillet à Paris, où il avait participé à la célébration de la fête nationale française.

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Et si, le 21 juillet, il s’était senti assez solide pour recevoir le président yéménite Ali Abdallah Saleh au palais de Skhirat, il avait passé la journée suivante à se reposer. Mais le 23 juillet, un peu avant 4 heures du matin, son cas s’aggrave. Hassan II est pris de frissons. Quelques minutes plus tard, alors qu’il commence à ressentir un dérèglement de son rythme cardiaque, il est conduit d’urgence à la clinique du palais de Rabat. Son état n’inquiète pas outre mesure ses médecins jusqu’à ce que, vers midi, il perde brutalement connaissance. Transféré à l’hôpital Avicenne dans un état de coma dépassé, il s’éteint à 16 heures. Le décès constaté, la dépouille d’Hassan II est ramenée au palais royal, où un conseil de famille se réunit pour organiser la succession monarchique. Sidi Mohammed, né en 1963, deuxième des cinq enfants et premier garçon du défunt, hérite du trône et régnera sous le nom de Mohammed VI. Son frère cadet Moulay Rachid devient le nouveau prince héritier.

Commence alors la beïa, l’allégeance au nouveau souverain. Après les princes se présentent les oulémas – les docteurs de la loi islamique –, puis les membres du gouvernement et les chefs de l’armée. La page est tournée. Si la transition a été parfaitement préparée sur le plan institutionnel, les interrogations portent sur la personnalité du nouveau souverain. Comment Mohammed VI va-t-il prendre en main le lourd héritage de son père ? Hassan II a régné en monarque absolu, impitoyable avec ses adversaires, ne lâchant du lest que sur le tard, un an avant sa mort, en nommant au poste de Premier ministre un vieil opposant, le socialiste Abderrahmane Youssoufi. Mais il s’est révélé un homme d’État exceptionnel, organisant avec subtilité la vie politique du royaume autour de sa personne. Élevé dans l’ombre de ce père écrasant, Sidi Mohammed, qui est toujours apparu comme un jeune homme timide et effacé, est-il préparé à exercer sa nouvelle fonction ? Saura-t-il mener à bien les réformes que la situation économique et sociale du pays rend urgentes ?

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