Côte d’Ivoire : 4,2 millions d’euros d’oeuvres d’art dérobés à Abidjan
Une enquête a été ouverte après la disparition de plus de 80 objets d’arts appartenant au musée des civilisations d’Abidjan. Le vol se serait déroulé pendant la bataille dont a été le théâtre la capitale économique ivoirienne lors de la crise postélectorale.
La bataille d’Abidjan a fait une étonnante victime. Le Musée des Civilisations de la capitale économique ivoirienne a été le théâtre d’un important pillage, lors de la crise postélectorale qui a touché le pays au printemps 2011. Quelque 80 objets ont été dérobés pendant les combats qui opposaient les partisans de l’actuel président Alassane Ouattara à ceux de son prédécesseur Laurent Gbagbo.
Construit par la France lors de la période coloniale, le Musée des Civilisations d’Abidjan se trouve dans le quartier du Plateau, en plein coeur de la ville, et rassemble des trésors historiques. Parmi les objets volés, des bijoux royaux, des masques, des sculptures et des objets d’arts religieux traditionnels, dont certains datent du XVIIe siècle. Six boîtes miniatures, 35 pendentifs en or, 12 colliers traditionnels, un sabre royal et une coiffe royale Akan, qui pourrait provenir du Royaume Baoulé ou de celui d’Anyi, manquent notamment à l’appel.
La perte est estimée à six millions de dollars (4,2 millions d’euros). Mais plus encore, il s’agit là d’une disparition symbolique, ces objets témoignant de l’histoire pré-coloniale du pays. Une période bien souvent oubliée et dont ces œuvres d’art constituent les rares témoins.
Interrogée par la BBC, Sylvie Memel Kassi, la directrice du musée, s’inquiète : « Avec ce vol, nous craignons qu’une part de l’histoire de la Côte d’Ivoire soit effacée ».
Un vol de spécialistes
« Pour un pays comme la Côte d’Ivoire, qui en ce moment a un fort besoin de réaffirmer son identité, de redécouvrir ses propres valeurs, c’est vraiment une perte tragique », déplore encore Sylvie Memel Kassi.
Dévastées, les autorités du musée ont sollicité l’aide d’Interpol. « Je sais que je peux compter sur la solidarité internationale », assure la directrice. Une enquête a été diligentée, et devra faire la lumière sur ce vol.
Première piste évoquée par Djowa Zoko, le conservateur du musée : l’acte de vandalisme ne serait pas le fait de brigands amateurs, mais bien de « professionnels ». « Ceux qui sont venus étaient des spécialistes, parce qu’ils savaient exactement ce qui était essentiel ».
Une idée partagée par la directrice du musée : « les portes n’étaient pas ouvertes de force et à voir la façon dont les objets ont été pris sans casser le verre … ce sont des spécialistes qui savaient ce qu’ils faisaient », assure-t-elle.
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