Présidents candidats

La majorité d’entre eux est déjà au pouvoir, et ils seront sans doute candidats à leur propre succession en 2009. Pour certains, se faire réélire ne sera qu’une formalité. Pour d’autres, la campagne à venir risque de donner lieu à des débats très nourris. Ce sera le cas en Afrique du Sud, où le chef de l’ANC, Jacob Zuma, tentera de conquérir le fauteuil occupé jusqu’en septembre dernier par Thabo Mbeki. Enfin, une incertitude subsiste quant aux intentions du Nigérien Mamadou Tandja.

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 7 minutes.

Les 100 personnalités qui feront l’Afrique en 2009
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Les 100 personnalités qui feront l’Afrique en 2009

Sommaire

Zine el-Abidine Ben Ali
Président de la Tunisie, 72 ans

Le chef de l’État tunisien sera candidat à sa propre succession en 2009. Il briguera un cinquième mandat – et, théoriquement, dernier – de cinq ans. La présidentielle se tiendra au mois d’octobre ou de novembre en même temps que les législatives. Compte tenu du poids de son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir), dans la vie du pays et de la relative faiblesse de l’opposition, nul doute qu’il devrait être réélu haut la main. Mais on suivra de près la manière avec laquelle il vaincra, et particulièrement la façon dont l’administration appliquera les assurances qu’il a données pour que le scrutin se déroule conformément aux dispositions constitutionnelles. L’année 2009 sera aussi marquée par le cinquantième anniversaire de la proclamation de la première Constitution. Sur le plan économique, et pour avoir réussi à resserrer les liens économiques entre son pays et l’Union européenne, Ben Ali devra faire face à la crise économique mondiale, qui devrait atteindre le pays en 2009, et à ses conséquences sociales.

Abdelaziz Bouteflika  
Président de l’Algérie, 71 ans

Une décennie. En avril 2009, Abdelaziz Bouteflika fêtera ses dix ans à la tête de l’Algérie. Élu en 1999, il a hérité d’un pays en ruine, traumatisé par la guerre civile qui l’a endeuillé au lendemain de l’interruption du processus électoral, en janvier 1992. Un premier mandat consacré au retour de la paix, un deuxième à la relance économique et aux grands chantiers d’infrastructures : « Boutef », comme l’appellent les Algériens, brigue maintenant un troisième mandat, à la faveur d’une révision de la Constitution par voie parlementaire adoptée en novembre dernier. Car, si le chef de l’État n’a toujours pas officiellement annoncé sa candidature, personne ne doute d’une telle issue. Ni même de sa réélection. Parce que le Bouteflika de 2009 n’est plus celui de 1999. Il a derrière lui les trois principaux partis du pays (FLN, RND et les islamistes du MSP) et a repris la main sur l’armée. Si certains représentants de la Grande Muette avaient bien tenté de lui barrer la route en 2004, ils ne sont plus là aujourd’hui. Face à l’ancien ministre de Boumédiène, pas ou peu de candidats d’envergure. Au-delà du scrutin, une seule vraie question : que fera-t-il de ce troisième mandat ?

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Laurent Gbagbo
Président de la Côte d’Ivoire, 6
3 ans
« Si je gagne, je profiterai du mandat à venir pour réaliser tout ce que la guerre m’a empêché de faire. Si je perds, je partirai le cœur gros, mais j’arrêterai de faire de la politique. » Cette confidence du chef de l’État ivoirien, Laurent Gbagbo, à l’un de ses homologues ouest-africains montre le dilemme auquel il est confronté. Historien dans une autre vie, Gbagbo sait mieux que quiconque que 2009 sera l’année de tous les défis, mais aussi celle de tous les dangers pour lui. À l’occasion de l’élection présidentielle prévue au cours du premier semestre, il doit affronter notamment l’ex-chef de l’État Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara réunis au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Et pourrait être tenté de casser cette alliance qui risquerait de lui causer préjudice lors du scrutin.
Mettant à contribution ses homologues burkinabè, Blaise Compaoré, et gabonais, Omar Bongo Ondimba, tous deux proches de Ouattara, Gbagbo ne renonce pas à tenter de convaincre ce dernier de le rejoindre. Aura-t-il la main plus heureuse en 2009 ? Sinon, acceptera-t-il d’aller à l’élection sans être certain de pouvoir la remporter ?

Armando Guebuza
Président du Mozambique, 65 ans

À l’instar de son homologue angolais, le successeur de Joachim Chissano à la tête de l’État mozambicain ne devrait pas rencontrer beaucoup de difficultés à se faire réélire en 2009. D’autant que le Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir), qu’il dirige depuis 2002, a remporté une victoire écrasante aux dernières élections municipales de novembre (42 mairies sur 43). Pourtant, la gouvernance « affairiste » de Guebuza et du réseau de fidèles qu’il a mis en place depuis son élection en 2004 est très critiquée. Par les bailleurs de fonds du Mozambique, d’abord, qui entretiennent par ailleurs d’excellents rapports avec le Premier ministre, Luisa Diogo. Et par le clan Chissano, ensuite, qui est tenté de se rapprocher des partisans de Graça Machel (femme de Nelson Mandela) au sein du Frelimo. Pour tenir en respect ces oppositions internes et ces velléités de regroupement tout en donnant le change aux bailleurs, Guebuza a déclenché à la fin de ­septembre 2008 une campagne ­anticorruption. Laquelle pourrait prendre de l’ampleur et devenir le fer de lance de sa campagne en 2009.

Teodoro Obiang Nguema
Président de la Guinée Equatoriale, 66 ans

Le suspense ne devrait guère peser sur la présidentielle de 2009. L’actuel chef de l’État et président du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) devrait livrer un combat â¨pour la forme, d’autant que son parti détient 99 sièges sur 100 à l’Assemblée nationale. L’année 2009 marquera également le trentième anniversaire du « coup de la liberté », qui l’avait porté au pouvoir après la mort, le 3 août 1979, de son oncle, Francisco Macias Nguema. Si l’ouverture démocratique initiée en novembre 1991 n’a toujours pas pleinement porté ses fruits, Obiang Nguema peut compter sur son bilan économique. Avec 23 % de croissance en 2008 et des investissements financés grâce à la manne pétrolière, la santé de l’ancienne colonie espagnole tranche nettement avec celle des autres États africains.

José Eduardo dos Santos
Président de l’Angola, 66 ans

Lors des législatives de septembre 2008, son parti a engrangé près de 82 % des voix. Fort de ce résultat, le leader du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) devrait être candidat à la présidentielle prévue à la fin de 2009. D’autant qu’il pourrait se passer du suffrage universel direct. Le 28 novembre, il a en effet conditionné la tenue du scrutin à l’adoption d’une Constitution par l’Assemblée nationale. Et, selon les observateurs, l’un des principaux changements voulus par le chef de l’État est l’élection du futur président non plus par l’ensemble du peuple angolais, comme c’est le cas actuellement, mais par l’Assemblée. Entre les partisans et les opposants de la réforme, le débat fait rage jusque dans les rangs du MPLA. Il est vrai qu’une victoire de Dos Santos moins importante que celle de son parti aux législatives pourrait être interprétée comme un échec de sa part. Et ouvrir sa succession. Le chef de l’État fêtera le 10 septembre 2009 le trentième anniversaire de son accession au pouvoir.

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Denis Sassou Nguesso
Président du Congo, 65 ans

Chef de l’État pendant treize ans (1979-1992), puis depuis octobre 1997, Denis Sassou Nguesso briguera à nouveau les suffrages des Congolais en juillet 2009. Avec l’ambition d’être réélu bien sûr, mais cette fois-ci dans des conditions plus politiquement correctes qu’en 2002, où il fut de facto le candidat unique d’un scrutin boycotté par des adversaires de poids.
Sassou, qui fut l’un des rares présidents africains à accepter démocratiquement sa défaite électorale (c’était en 1992) avant de reconquérir le pouvoir à la suite d’une guerre civile, devrait avoir face à lui deux challengeurs connus : l’ancien ministre des Finances Mathias Dzon et l’ex-Premier ministre Ange-Édouard Poungui.
Pour respectables qu’ils soient, tous deux souffrent cependant d’un handicap de crédibilité – à l’instar de celui qui affecte le « frère ennemi » de DSN, Justin Lekoundzou, dont la position et les consignes de vote sont attendues avec curiosité. Et pour cause : ils doivent l’essentiel de leur carrière politique à celui qu’ils combattent aujourd’hui. Guère menacé, a priori, dans les urnes, le président sortant, à qui le Congo doit de vivre en paix et de jouir d’un taux de croissance économique enviable, devra donc convaincre sur un autre terrain : celui des conditions matérielles et de la bonne tenue du scrutin.

Mamadou Tandja
Président du Niger, 70 ans

Ira ? Ira pas ? À moins d’un an de la prochaine présidentielle au Niger, le doute plane sur les intentions du chef de l’État. Élu en 1999 et réélu en 2004, il se trouve, en théorie, dans l’impossibilité de briguer un troisième mandat, en décembre 2009, à moins de réviser la Constitution. Reste que plus l’échéance se rapproche, plus les certitudes tombent. En 2008, les appels « spontanés » pour une nouvelle candidature du chef de l’État sortant se sont multipliés. L’arrestation de l’ancien Premier ministre et patron du parti au pouvoir, Hama Amadou, a, en outre, été interprétée comme une manœuvre supplémentaire, destinée à écarter celui que Tandja présentait naguère comme son dauphin putatif.
S’il est tenté par un nouveau quinquennat, le président, dont l’état de santé fait l’objet de bien des rumeurs, n’aura toutefois pas la tâche facile. Contesté par une partie des militants de sa propre formation, il devra également compter avec la réaction de la rébellion touarègue du nord du pays, qui a repris les armes en février 2007.

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Jacob Zuma
Président du Congrès national africain (ANC), 66 ans, Afrique du Sud

Zuma restera sur le devant de la scène en 2009. Soit parce qu’il sera le nouveau président de la République, soit parce qu’il devra répondre des accusations de corruption qui pèsent toujours sur lui. Après avoir ravi la présidence de l’ANC à Thabo Mbeki, il a mené à son terme son combat contre l’ex-chef de l’Etat en le poussant à la démission en septembre 2008. La voie est donc libre, même si les dissidents de l’ANC pourraient lui compliquer la tâche.

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