Afrique du Sud : Winnie Madikizela-Mandela, le retour d’une femme controversée

Nelson Mandela est hospitalisé depuis le 8 juin au Mediclinic Heart Hospital de Pretoria pour une grave infection pulmonaire. Il est dans un état critique mais stable. Sa longue maladie a permis à son ex-épouse Winnie, personnage controversé mais égérie de la lutte anti-apartheid, de revenir au premier plan.

Winnie Madikizela-Mandela à la Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, le 30 juin 2013. © AFP.

Winnie Madikizela-Mandela à la Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, le 30 juin 2013. © AFP.

Publié le 3 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Les visites, à l’hôpital de Pretoria, de Winnie Madikizela-Mandela à son ex-époux, Nelson Mandela, ont été quasi quotidiennes.

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Alors que Graça Machel, mariée à Madiba depuis 1998, – veuve de son premier mari, l’ancien président du Mozambique Samora Machel – reste discrète, Winnie, mère de deux de ses filles, a endossé le rôle de matriarche du clan.

Toujours flamboyante à 76 ans, elle s’est livrée au jeu des interviews, allant jusqu’à faire un saut devant l’ancienne maisonnette du couple dans l’immense township de Soweto pour remercier les reporters de leur intérêt.

« Winnie Mandela essaie de redorer son image aux yeux du public », commente Daniel Mordechar, 42 ans, venu comme de nombreux Sud-Africains à la clinique de Pretoria apporter son soutien au père de la Nation arc-en-ciel.

« On a une loyauté envers elle en raison de son rôle dans la lutte mais elle a perdu une partie de notre estime », ajoute-il, en référence aux multiples controverses qui entourent la « Mère de la Nation ».

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Winnie épouse Mandela en 1958, six ans avant que le militant ne soit condamné à la prison à vie par le régime de la minorité blanche. Pendant ses 27 ans de détention, elle a maintenu la flamme de la résistance dans le pays et l’a payé cher. Elle a été emprisonnée, astreinte à domicile, et même bannie dans un bourg à l’écart du monde.

Violence

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Mais Winnie bascule dans la violence dans les années 1980. Alors que les quartiers noirs s’enflamment, la « Passionaria des townships » s’entoure d’une bande de gardes du corps aux méthodes brutales, surnommés « Mandela United Football Club ».

Leurs exactions lui valent une condamnation en 1991, pour complicité dans l’enlèvement et le meurtre d’un jeune militant anti-apartheid, à une peine de prison commuée en amende. Et depuis quelques mois, la justice s’intéresse à son rôle dans la disparition de deux autres militants, aperçus pour la dernière fois à son domicile en 1988.

Winnie se radicalise, alors que Nelson Mandela opte pour la négociation avec ses oppresseurs, ce qui les éloigne. Elle refait sa vie sans lui pendant son absence. Si Winnie se tient à ses côtés, le poing levé, lors de sa libération en 1990, ils se séparent dès 1992 et divorcent officiellement en 1996.

Elle est ensuite renvoyée du gouvernement de son ancien époux pour insubordination, mise au ban de la direction du Congrès national africain (ANC). Elle est condamnée une nouvelle fois en 2003, cette fois-ci pour fraude, mais connait un petit retour en grâce lors des dernières élections.

Soutien à Julius Malema

Son soutien à Jacob Zuma, actuel président de l’Afrique du Sud dans son accession à la présidence lui a valu d’être réélue députée en 2009 et de participer aux instances dirigeantes de l’ANC. Mais, elle s’est très vite marginalisée en apportant son soutien au populiste Julius Malema, exclu du parti pour indiscipline en 2011.

Fidèle à sa réputation de trouble-fête, elle a de nouveau volé dans les plumes, dimanche 30 juin, des dirigeants de l’ANC et du président Zuma. Pour elle, la visite très médiatisée qu’ils ont rendue en avril à un Nelson Mandela déjà très affaibli, a été « une blessure » pour la famille.

« C’était grossier (…) ça n’aurait jamais dû être fait », a-t-elle lancé dans une interview, s’attirant les foudres immédiates du parti. Déjà en juillet 2012, elle avait reproché à l’ANC de ne s’intéresser à la famille qu’en cas de « besoin ».

Si sa verve irrite encore le pouvoir, elle plaît encore dans les townships les plus pauvres apprécient qu’elle plaide pour une meilleure redistribution des richesses malgré son goût prononcé pour le luxe.

« Tout le monde fait des erreurs », l’excuse ainsi Mabel Tshoke, une ancienne militante anti-apartheid de 59 ans qui vit dans le bastion de la lutte, Soweto. Et de lui reconnaître une qualité: « Elle s’est toujours tenue aux côtés de son homme ».

(avec AFP)

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