Madame égalité

Fille de harkis, ancienne de SOS Racisme, juriste éminente et militante UMP, elle va remplacer le socialiste Louis Schweitzer à la présidence de la Halde.

Jeannette Bougrab : de droite en économie, de gauche sur les questions de société. © Stéphane Rémael/Myop

Jeannette Bougrab : de droite en économie, de gauche sur les questions de société. © Stéphane Rémael/Myop

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 30 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Elle est jeune (36 ans), jolie et talentueuse. Sans chichis et sans chiqué. Son parcours est aussi brillant que son site internet est austère, à l’image de ce droit public qu’elle a enseigné à l’université Paris-I et à Sciences-Po Paris. Nommée par Nicolas Sarkozy, le 23 mars, à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) en remplacement du socialiste Louis Schweitzer, l’UMP Jeannette Bougrab donne la même impression de rigueur et de neutralité que l’ex-patron du groupe Renault.

Née dans le centre de la France, près de Châteauroux, dans une famille de harkis, cette ancienne militante de SOS Racisme se dit « de droite en économie, et plutôt de gauche sur les questions de société ». Ses domaines de prédilection : l’équilibre des pouvoirs entre l’État et les collectivités locales et l’égalité hommes-femmes, sujets de ses travaux juridiques. Elle soutient aussi la cause homosexuelle, qu’il s’agisse de mariage ou d’adoption, une position minoritaire à l’UMP.

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Un ancien président du Conseil constitutionnel (Pierre Mazeaud) et un ancien Premier ministre (Alain Juppé) ont été ses mentors en politique. Le premier loue ses compétences lors de son passage au Conseil constitutionnel et suggère sa candidature au Haut Conseil à l’intégration, dont elle sera la benjamine, en 2002. Le second la fait entrer à l’UMP et, lors des législatives de 2007, la lance à l’assaut de son ancien fief du 18e arrondissement de Paris. Battue par le socialiste sortant, elle est alors nommée au Conseil d’État.

Membre du conseil d’administration de l’Institut du monde arabe, elle présidait, depuis janvier dernier, celui de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances. Auteure d’un rapport sur « les discriminations dans l’accès au marché de l’emploi » et, collectivement, de Qu’est-ce qu’être français ?, Jeannette Bougrab se montre réservée sur la notion de « discrimination positive », mais « déterminée à se battre pour que chacun puisse avoir les mêmes chances, quelles que soient ses origines sociales ou ethniques ». Elle aura fort à faire : la Halde a été saisie de 10 000 réclamations en 2009, contre 7 788 en 2008 et 1 410 lors de sa première année d’activité, en 2005.

La nomination de Bougrab satisfait les caciques et la base de l’UMP, qui, après leur cuisant revers aux élections régionales, critiquaient de plus en plus vivement la politique d’ouverture à gauche de Nicolas Sarkozy. Le malaise avait atteint son comble lorsque Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, avait dénié au socialiste Malek Boutih, un temps pressenti pour prendre la tête de la Halde, la capacité à s’ériger en arbitre impartial, arguant qu’il n’était « pas issu du corps traditionnel français ». Désireux de clore cette polémique, Longuet a estimé que la jeune femme avait « un côté apaisant », donnant à penser qu’il préfère le charme discret de Bougrab au verbe tapageur de Boutih…

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