Épidémie de choléra en Algérie : les autorités fortement critiquées

L’Algérie a appris avec stupeur le 23 août le début d’une épidémie de choléra dans le pays. Face à la situation, les autorités appellent au calme mais la population, elle, dénonce un manque de réactivité.

Deux personnes sont décédées depuis le début de l’épidémie de choléra en Algérie, le 7 août dernier. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Deux personnes sont décédées depuis le début de l’épidémie de choléra en Algérie, le 7 août dernier. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Publié le 24 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Comment en est-on arrivé là ? C’est la question que toute l’Algérie se pose depuis la confirmation de 41 cas de choléra, le jeudi 23 août, par le ministère de la Santé. Quatre wilayas ont été touchées – Alger, Blida, Tipaza et Bouira -, renforçant ainsi l’inquiétude de la population quant à l’origine de cette épidémie.

Si la piste de la contamination hydrique a été écartée par le ministère, les Algériens semblent peu convaincus. La confirmation de l’épidémie a provoqué des mouvements massifs dans les supermarchés, les habitants cherchant à se fournir en eau minérale. Le média national Ennahar rapporte ainsi une pénurie dans plusieurs établissements.

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Désamorcer la panique

Une panique qui a poussé le ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement a s’exprimer sur sa page Facebook afin de rassurer les citoyens. « L’eau du robinet qui vous arrive à travers les canaux municipaux est saine et potable. N’ayez pas peur ! » assure-t-il dans un communiqué.

Les analyses en cours au niveau de l’Institut Pasteur d’Alger sur les aliments consommés par les familles ayant contracté le choléra « révéleront prochainement les causes réelles de cette épidémie », a affirmé Zoubir Harrat, le directeur de l’Institut. Les autorités privilégient la piste des fruits et des légumes crus.

Dans les hôpitaux, le désarroi se fait lui aussi sentir. Des centaines de personnes pensant avoir contracté le choléra ont afflué, entraînant la saturation des établissements. Certains hôpitaux ont même fermé leurs portes et ont fait appel à des agents de sécurité.

Un dispositif a toutefois été mis en place ; les standardistes des établissements ont par exemple été sensibilisés à la crise sanitaire. Les personnes appelant pour des symptômes similaires à ceux du choléra sont priées de se rendre directement sur place pour effectuer les tests nécessaires.

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Accusations

Du côté des autorités, le ton se veut rassurant. Djamel Fourar, directeur de la prévention au ministère, a indiqué que ces cas étaient « isolés et limités à des familles », ajoutant que la situation était « maîtrisée ». Elle « n’est pas inquiétante et ne nécessite pas l’instauration d’un état d’urgence », a-t-il assuré, appelant les citoyens au respect des règles d’hygiène, à savoir « bien se laver les mains, rincer les fruits et les légumes avant leur consommation et s’abstenir de rendre visite aux malades atteints de choléra dans les hôpitaux ».

Un discours qui ne semble pas convaincre. De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer le manque de réactivité du gouvernement.

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Selon le site TSA, le ministère de la Santé ainsi que l’Institut Pasteur connaissaient au moins depuis le 20 août les résultats des analyses d’une partie des malades.

Dès le 15 août, le quotidien El Khabar évoquait notamment quatre cas de décès – dont trois personnes issues d’une même famille – dans un hôpital de Bouira, par des causes inconnues, présentant une forte fièvre et des douleurs au foie. Une enquête avait alors été ouverte pour identifier la maladie.

Lorsque d’autres cas ont été confirmés, lors d’une conférence de presse du 20 août, les responsables politiques avaient affirmé qu’il s’agissait seulement de cas de gastro-entérite. « Les analyses préliminaires ont suffi à prouver qu’il ne s’agit nullement de cas de choléra », avait alors affirmé le directeur de l’Institut Pasteur, cité par le site d’information ALG24. Le 23 août, après le décès d’un homme, le gouvernement parlait encore d’une intoxication alimentaire.

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