Maroc : le rétablissement du service militaire devant le Conseil de gouvernement

Au Maroc, la possible ré-instauration d’un service militaire suscite bien des interrogations.

Le service militaire obligatoire devrait entrer en vigueur au Maroc dès septembre 2019 (image d’illustration). © KARIM SELMAOUI/POOL/AP/SIPA

Le service militaire obligatoire devrait entrer en vigueur au Maroc dès septembre 2019 (image d’illustration). © KARIM SELMAOUI/POOL/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 20 août 2018 Lecture : 2 minutes.

L’ordre du jour du Conseil de gouvernement de ce lundi 20 août a suscité une avalanches de conjectures et de rumeurs. Vendredi 17, une discussion autour d’un projet de loi sur le rétablissement du service militaire est annoncé. Très vite, la toile s’enflamme, chacun commentant un sujet qui a en effet des allures de petite révolution sociétale. Pour le moment, le texte du projet de loi n’est pas disponible en ligne. Seule une courte dépêche a été publiée par l’agence officielle, la MAP.

En 2006, le décret-loi n° 2-06-420 adopté sur consigne du roi Mohammed VI, chef des armées, mettait fin au service militaire. Le Maroc avait adopté une loi organisant un service militaire en 1966. Cette dernière donnait deux raisons à l’existence de ce passage obligé : « Une formation de base qui lui permettra de contribuer (…) à la défense de la patrie. » et « Une formation technique et professionnelle de nature à élever son niveau social et à le faire participer au développement du pays. »

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À l’époque, la durée légale du service militaire était de 18 mois. Mais dans la pratique, les obligations militaires n’étaient pas appliquées de manière stricte.

Mixité sociale

En l’absence de précisions, il est encore difficile de savoir quel serait l’objectif d’un éventuel rétablissement du service militaire. Restent les indices. Dans son dernier rapport, paru au début du mois d’août, le Conseil économique, social et écologique (CESE), préconisait « la mise en place d’un ‘service citoyen’ pour tous, s’adressant aux jeunes femmes et hommes aptes. »

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Un dispositif qui, selon le CESE, « constituerait un véritable espace de brassage, qui impliquerait les jeunes d’horizons divers dans de grands projets collectifs, contribuant ainsi à la consolidation du sentiment d’appartenance à une même communauté nationale, chaque jeune marocain allant à la rencontre de ses concitoyens, et faisant l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion nationale. Ce service, obligatoire, devrait s’appliquer équitablement à toutes et à tous, sans distinction de genre, de milieu social ou de lieu de résidence. »

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La question du coût

En ligne, les internautes favorables au rétablissement du service militaire mettent en avant ce principe de mixité sociale. Ceux qui s’opposent à l’idée pointent, eux, un risque : voir un nationalisme étriqué prendre le pas sur une mixité sociale en fait difficile à instaurer. Et ils se demandent pourquoi cette mission n’est pas plutôt dévolue à l’école publique et à l’enseignement supérieur.

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Quoiqu’il en soit, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Au-delà du circuit classique d’un projet de loi, parfois long, la ré-instauration d’un service militaire annoncerait un branle-bas-le-combat. Selon un rapport du HCP sur la démographie, en 2030, il y aura 3 millions de Marocains âgés de 15 à 20 ans et autant de 20 à 25 ans. Intégrer une telle cohorte dans les rangs durant plusieurs mois demandera donc, en premier lieu, une augmentation des dépenses militaires.

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