Burundi : l’ONU dénonce les exactions des Imbonerakure

La commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi a accusé le 27 juin la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, d’être la principale responsable des exactions commises durant la récente campagne pour le référendum constitutionnel.

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l’opposition, sans en être empêchés par les forces de l’ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l’opposition, sans en être empêchés par les forces de l’ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Publié le 29 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

« Les violations identifiées par la commission durant la campagne (pour le référendum en mai dernier) sont principalement l’œuvre d’Imbonerakure, qui agissent avec la complicité et ou l’aval d’agents étatiques, ou de leur propre initiative sans être inquiétés », a déclaré mercredi 27 juin Lucy Asuagbor, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi.

Le rapport de l’ONU souligne les violations des droits de l’homme au Burundi au cours des trois dernières années et les principales accusations de violence se tournent vers la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, dont l’organisation s’est dite préoccupée de l’importance qu’elle a prise dans l’appareil répressif développé depuis 2015.

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« Mauvais traitements »

« Les Imbonerakure quadrillent le pays, renseignent les instances étatiques, sur la présence d’opposants réels ou supposés dans chaque localité et sur chaque colline, harcèlent, contrôlent et intimident la population. Ils mèneraient également des opérations de police hors du cadre prévu par la loi et procèdent à des campagnes de recrutement forcées au sein du parti au pouvoir, ou dans leurs rangs, ces campagnes donnant lieu dans plusieurs cas à des actes de torture ou des mauvais traitements », détaille l’enquêtrice.

Françoise Hampson, membre de la commission, affirme également que le mouvement politique de jeunesse burundais est tenu responsable des disparitions forcées, des actes de torture ou encore des arrestations et des détentions arbitraires visant des opposants au projet de modification constitutionnelle, soit les Forces nationales de libération (FNL), ainsi que tout individu perçu comme étant non-aligné à la politique du gouvernement.

« Diffamation »

Renovat Tabu, ambassadeur burundais auprès de l’ONU a rejeté les accusations, en se réservant « le droit de traduire en justice tout diffamateur, fut-il un membre ou non de cette commission ». Le représentant permanent du Burundi à Genève a fait savoir que le Burundi est aujourd’hui un pays paisible avec un peuple uni et attelé au développement. D’après lui, la question du Burundi n’est plus une question des droits de l’homme mais celle d’appétits géopolitiques, et le président de la commission d’enquête serait tombé dans des « ’considérations politiciennes ».

Présidé par le juriste sénégalais Doudou Diène, la commission d’enquête a réussi à recueillir plusieurs informations grâce aux pays frontaliers au Burundi – l’Éthiopie, le Congo et le Rwanda – qui persiste à refuser une coopération avec l’organisation et reste indifférent au tentative de médiation de la communauté d’Afrique de l’Est.

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Une situation d’autant plus instable depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il soutiendra « le nouveau président de la République » qui sera élu en 2020 – bien que le vote par référendum du changement de la Constitution lui permettait de rester jusqu’en 2034 -.

Mais pour Françoise Hampson, « l’annonce du chef de l’État, ne doit pas occulter le contexte dans lequel s’est déroulé la campagne pendant le référendum, qui a conduit au changement de la Constitution au Burundi ».

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