L’œil de Glez : Bemba-Katumbi, faux chassé-croisé à la sauce belge

Hasard du calendrier : la semaine dernière, Moïse Katumbi était empêché de quitter la Belgique, tandis que Jean-Pierre Bemba y débarquait. Les deux politiciens congolais avaient-ils pour autant envie de partager un plat de moules-frites ?

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Publié le 22 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Le premier, président du mythique Tout Puissant Mazembe, était censé rallier la Russie, dans son jet privé, pour la Coupe du monde de football. Incarcéré à La Haye depuis le 3 juillet 2008, le second n’avait peut-être pas rêvé d’éviter un dixième anniversaire à la Cour pénale international (CPI). Ce n’est pourtant ni en Russie ni aux Pays-Bas que ces deux hommes politiques majeurs de République démocratique du Congo (RDC) se trouvaient à la mi-juin.

En simple escale, le 13 du mois, l’opposant Moïse Katumbi était interpellé à l’aéroport de Bruxelles, immobilisé pour passeport invalide puis doté d’un titre de séjour provisoire en Belgique. Le surlendemain, l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, tout juste acquitté, en appel, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, était accueilli par des proches au « plat pays » qui avait accepté de le recevoir, dans le cadre de sa liberté provisoire sous conditions spécifiques.

Cette simultanéité géographique a-t-elle inspiré aux deux hommes un déjeuner à la Belle Maraîchère de la Place Sainte-Catherine ?

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Hasard du calendrier

L’occasion belge faisant le larron congolais, cette simultanéité géographique a-t-elle inspiré aux deux hommes un déjeuner à la Belle Maraîchère de la Place Sainte-Catherine ? Pas sûr que cette perspective donne de l’appétit aux convives potentiels, la sortie de prison – même provisoire – du patron du Mouvement de libération du Congo (MLC) n’étant sans doute pas du goût du président de la plateforme électorale « Ensemble pour le changement ».

Depuis la fragile lune de miel étasunienne de Katumbi et de l’héritier Tshisekedi, l’opposition se surprend à espérer une candidature unique à la présidentielle de décembre. Si nul ne sait la marge de manœuvre prochaine et le pouvoir de nuisance politique précis de Jean-Pierre Bemba, un retour éventuel de celui-ci en RDC ressemblerait au déboulement d’un éléphant dans un magasin de porcelaines déjà ébréchées. Or, il « pourra rentrer s’il veut », aux dires de Léonard She Okitundu, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo.

L’« autre capitale congolaise » ?

À qui profiterait le « non-crime » de l’acquitté Bemba ? L’équation comporte encore trop d’inconnues, notamment l’identité du candidat de la Majorité présidentielle (MP) au scrutin de décembre. Mais pour l’heure, force est de constater que Bruxelles mériterait toujours le titre d’ « autre capitale congolaise ». L’opposant historique Étienne Tshisekedi y est décédé le 1er février 2017 et sa dépouille est y restée pendant des mois ; c’est dans la ville belge que l’opposition aime tenir conclave, à l’abri de la pression gouvernementale congolaise. C’est aussi dans cette ville que se profilent de nouvelles discussions sur la crise en RDC, après un ballet diplomatique qui a conduit à une rencontre récente entre des présidents rwandais Paul Kagame et angolais João Lourenço de retour de Paris, l’autre capitale « européenne d’Afrique ».

Plus improbable est un rendez-vous entre Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. À moins qu’ils ne se croisent par hasard devant le Manneken-Pis…

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