Mondial 1982 : quand l’Algérie de Madjer, Belloumi et Fergani donne une leçon d’humilité à la RFA (2-1)

Le 16 juin 1982 à Gijon, en Espagne, la RFA, championne d’Europe en titre, est persuadée de battre largement l’Algérie, dont c’est la première participation à une phase finale de Coupe du monde. Mais les Verts du capitaine Ali Fergani s’imposent 2-1 et réalisent un des plus grands exploits de l’histoire du tournoi.

L’Algérie au Mondial 1982 en Espagne (du 13 juin au 11 juillet) avec (de g. à d. et de h. en b.) : Korichi, Fergani, Mansouri, Dahleb, Cerbah, Guendouz ; Zidane, Belloumi, Madjer, Assad, Merzekane. © DR

L’Algérie au Mondial 1982 en Espagne (du 13 juin au 11 juillet) avec (de g. à d. et de h. en b.) : Korichi, Fergani, Mansouri, Dahleb, Cerbah, Guendouz ; Zidane, Belloumi, Madjer, Assad, Merzekane. © DR

Alexis Billebault

Publié le 28 mai 2018 Lecture : 3 minutes.

Le premier tour n’a pas encore commencé que la RFA toute entière pense déjà à la finale. La Nationalmannschaft, qui a remporté deux ans plus tôt l’Euro en Italie, a été championne du monde chez elle en 1974, et dispose avec Breitner, Stielike, Magath, Littbarski et Rummenigge, de plusieurs joueurs de classe internationale. Son parcours en éliminatoires résume à lui tout seul sa puissance de feu : la RFA a remporté ses huit matches, face à l’Autriche (2-0, 3-1), la Finlande (7-1, 4-0), la Bulgarie (4-0, 3-1) et l’Albanie (8-0, 2-0), inscrit trente-trois but et tout le monde ou presque prédit le pire à la défense algérienne. « Tout le monde, sauf nos supporteurs et la presse, qui connaissent nos qualités », se souvient Ali Fergani, capitaine des Fennecs à l’époque.

Les Allemands promettent une lourde défaite aux Algériens

« On restait sur de bons résultats, poursuit-il : finaliste de la CAN 1980, quatrième en 1982, on avait éliminé le Nigeria, champion d’Afrique 1980, au dernier tour (2-1, 2-0) et lors des matches de préparation, nous avions battu l’Eire (2-0) et fait match nul avec le Pérou (1-1) ». À cette époque, la sélection est composée en majorité de joueurs évoluant dans le championnat local (Fergani, Madjer, Belloumi, Merzekane, Bensaloula) et de quelques expatriés.

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« La RFA était le grand favori de cette Coupe du monde avec le Brésil. Avant le match, le sélectionneur allemand [Jupp Derwall, NDLR] avait dit qu’il rentrerait à pied si son équipe perdait. Et certains joueurs avaient déclaré qu’ils dédieraient le sixième ou le septième but à un membre de notre famille. On sentait qu’ils nous prenaient de haut, contrairement aux Autrichiens, une des autres équipes du groupe (avec le Chili), qui nous suivaient partout… Dans le tunnel conduisant au terrain, puis dès les premières minutes, nous avions compris que la RFA était trop sûre d’elle. »

Les Algériens décomplexés

Mahieddine Khalef, le sélectionneur, et ses adjoints Rachid Mekloufi et Rabah Saâdane, décide d’aligner une équipe offensive, malgré l’absence de Karim Maroc, blessé. Ali Fergani est installé en numéro 6, et Khalef n’hésite pas à installer côte à côte Lakhdar Belloumi et Mustapha Dahleb, deux meneurs. « Le coach voulait qu’on joue notre jeu, qu’on essaie d’avoir souvent le ballon. Les Allemands, voyant les minutes passer, commençaient à s’agacer. À la mi-temps, il y avait 0-0 », ajoute Fergani. Et à la 54e minute, Madjer donne l’avantage à l’Algérie, suite à une action construite. En six passes, les Algériens arrivent jusqu’au but de Schumacher, qui repousse la frappe de Belloumi dans les pieds de son coéquipier, lequel devance les défenseurs adverses pour marquer du but du pied gauche.

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Les supporters allemands commencent à redouter le pire alors que leurs homologues Algériens prennent conscience qu’un exploit est proche. « La RFA a égalisé à la 67e par Rummenigge, mais une minute plus tard, Belloumi a inscrit notre deuxième but, suite à une action sur le côté gauche. » Salah Assad prend de vitesse Magath adresse un centre parfait pour le milieu de terrain de Mascara, qui, à deux mètres de la ligne, se montre plus prompt que Kaltz. Nous n’avions pas douté après cette égalisation. On aurait pu craquer, mais on tenu, malgré la pression allemande. Et nous aurions pu marquer un troisième but. »

L’Algérie est en liesse, mais hélas pour elle, l’euphorie ne survivra pas au minable arrangement entre Allemands et Autrichiens sur le dos des Fennecs, lors de la dernière journée. Après leur succès face à la RFA, les Nord-Africains s’inclinent (0-2) face à l’Autriche. Ils dominent ensuite le Chili (3-2) le 24 juin, mais le lendemain, la RFA bat l’Autriche (1-0) grâce à un but précoce de Hrubesch (11e). Il ne se passe plus rien ensuite et ce résultat qualifie les deux équipes européennes. Depuis ce scandale, les troisièmes matches du premier tour se jouent le même jour et à la même heure… Et la RFA s’inclinera finalement contre l’Italie en finale (1-3).

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