Start-up de la semaine : FOD, le premier restaurant 100 % digital du Maroc

Le premier restaurant entièrement connecté vient d’ouvrir à Marrakech. De la commande à la gestion des stocks, tout y est digital, sans aucun recours au papier. Derrière ce concept, un Marrakchi de 32 ans, Hamza Aboulfeth, qui n’en est pas à son coup d’essai entrepreneurial.

FOD, un nouveau concept de restauration au Maroc. © FOD

FOD, un nouveau concept de restauration au Maroc. © FOD

Publié le 24 mai 2018 Lecture : 4 minutes.

Depuis un peu plus de trois semaines, une nouvelle adresse à Marrakech attise la curiosité et la gourmandise de beaucoup. Il s’agit du premier « restaurant connecté » du royaume. Installé en plein centre de la ville ocre, FOD, pour Food on demand (nourriture à la demande), est un endroit atypique, plongé dans une décoration conviviale à la manière des start-up californiennes.

À l’origine de cette nouvelle table, il y a un gourmand geek, Hamza Aboulfeth. Un touche-à-tout de 32 ans qui, après avoir abandonné l’université, enchaîne les formations dans les plus grandes écoles américaines et européennes. Il se targue d’avoir réussi un « Executive Program » à Harvard University en plus d’un « Executive MBA » qu’il prépare actuellement à l’EM Lyon Business school.

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Ce Marrakchi de naissance, serial-entrepreneur, est un mordu d’informatique et de nouvelles technologies. Sa première entreprise, Génious, lancée en 2008, emploie plus d’une vingtaine de personnes et génère plus de 12 millions de dirhams (1,08 million d’euros) de chiffre d’affaires. Elle est spécialisée dans l’hébergement des clouds et des sites internet, ainsi que dans l’édition de différentes solutions web.

Un généreux Business Angel

Avant de lancer FOD sur un nouveau concept, encore unique au Maroc, Hamza Aboulfeth a déjà géré un premier restaurant du même nom. « Je m’étais installé dans un quartier un peu plus populaire, Bab Doukkala, en 2016. Malheureusement, l’expérience n’a pas duré, et j’ai ressenti le besoin de trouver un endroit plus chic pour que le concept prenne », nous raconte Hamza Aboulfeth.

En parallèle, il gère depuis 2016 un service de livraison, à partir de ses restaurants et via une application mobile. « Le succès a été immédiat. Nous avons actuellement des clients qui ont commandé plus de 150 fois et le chiffre d’affaire frôle les 2 millions de dirhams par an », nous raconte fièrement notre interlocuteur.

Durant cette période, Hamza Aboulfeth a fait une rencontre qui lui a permis de poursuivre ses ambitions. Un business angel, qui souhaite rester anonyme pour le moment, a été séduit par les projets du trentenaire et a adhéré au projet du restaurant connecté en mettant sur la table 1 million de dirhams.

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Du digital des tables aux cuisines

Le concept novateur de FOD a été créé à partir d’applications générées par Genius, l’autre entreprise d’Hamza Aboulfeth. « Je ne suis pas restaurateur et ce n’est pas mon domaine de prédilection, mais je suis convaincu que l’outil informatique peut très bien aider, et il peut aussi répondre à différentes problématiques », explique ce geek, qui promet aussi une expérience client différente, sans contact humain ou presque.

Une fois installé à l’une des douze tables du restaurant, le client se retrouve face à une tablette qui fait office de carte, mais aussi de télécommande pour contrôler un jukebox nouvelle génération qui diffuse la musique à l’intérieur de l’enceinte.  « Le serveur n’est là que pour apporter les commandes et débarrasser les tables, tout le reste est automatisé et en liaison directe avec la cuisine », nous explique ce néo-restaurateur.

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En cuisine aussi, le digital a pris ses quartiers. À côté des fourneaux et des casseroles, les cuisiniers ont chacun une tablette pour gérer leur travail. Les fiches techniques des plats ont été numérisées, et pour chaque commande, le cuisinier a sous les yeux l’ensemble des ingrédients dont il aura besoin.

« Ceci me facilite le ravitaillement des matières premières, sans aucun stress. C’est aussi un gain de temps considérable », se félicite notre interlocuteur, qui peut connaître à tout instant les quantités disponibles pour chaque élément. Cette application lui permet aussi de connaître le prix de revient pour chaque plat affiché sur sa carte, et d’ajuster les quantités en cas de besoin.

À la fin de chaque mois, le programme produira des statistiques sur les plats qui se commandent le plus et ceux qui ne sont pas très appréciés. Une mise à jour de la carte est prévue d’une façon régulière.

Un budget « com » conséquent

Depuis son ouverture, FOD a connu une certaine affluence, même si l’activité à nettement ralenti avec le début du ramadan. Les clients qui poussent la porte sont intrigués par le côté novateur du restaurant, mais aussi par les photos gourmandes publiées sur les réseaux sociaux qui mettent en valeur une gamme de plats qui s’étend des burgers aux sushis, en passant par les pizzas. « Nous avons un budget communication de 3 000 dollars par mois, principalement sur internet. Les retombées sont considérables », ajoute Hamza.

En moyenne, entre 40 à 50 couverts sont servis quotidiennement, pour une facture moyenne de 160 dirhams par table. « Nous réalisons un très bon début, nous sommes même étonnés par ce succès, et notre service livraison continue sur la même lancée, soit plus de 40 commandes par jour », avoue Hamza Aboulfeth.

L’aménagement du restaurant a été la seule charge importante, avec 600 000 dirhams. La cuisine a été équipée grâce aux matériels installés dans l’ancien restaurant. « Comme je suis aussi patron de Genious, nous avons eu toutes les applications gratuitement », ironise Hamza Aboulfeth. Entre l’ancien local et le nouveau, l’investissement total atteint quelque 2,5 millions de dirhams. Quant aux employés, ils sont actuellement une vingtaine à s’affairer, des cuisiniers aux caissiers en passant par les serveurs.

Contacté par des investisseurs intéressés par le concept, Hamza Aboulfeth commence à penser à une ouverture en dehors de Marrakech, et pourquoi pas créer une franchise par la suite. « Nous allons certainement ouvrir un restaurant similaire à Casablanca en 2019, et peut-être aussi à Rabat et Tanger », assure notre interlocuteur, visiblement poussé par la réussite de son nouveau business.

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