Crise humanitaire en RDC : l’ONU et l’UE persistent face à Kinshasa

Au total 528 millions de dollars d’aide humanitaire ont été promis vendredi à Genève pour l’aide humanitaire en République démocratique du Congo lors d’une conférence des donateurs boycottée par Kinshasa, ont annoncé les trois organisateurs.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres à New York le 28 septembre 2017. © Bebeto Matthews/AP/SIPA

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres à New York le 28 septembre 2017. © Bebeto Matthews/AP/SIPA

Publié le 13 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

Le montant est bien inférieur aux attentes des organisateurs (Nations unies, Union européenne, Pays-Bas), qui espéraient entre 1,7 et 2,2 milliards de dollars pour aider 13 millions de Congolais dont 4,5 millions de déplacés, selon les Nations unies (230.000 selon Kinshasa).

L’ONU et les ONG font aussi état de « 7,7 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire et plus de deux millions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ».

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« Nous sommes déçus que trop peu de pays envoient un vrai message d’espoir aux millions de Congolais qui ont désespérément besoin d’aide », a réagi le secrétaire général d’une ONG présente en RDC, Jan Egeland (Conseil norvégien pour les réfugiés).

Le patron de la branche humanitaire des Nations unies, Marck Lowcock, s’est cependant déclaré « content » du résultat de cette conférence à laquelle ont participé 54 pays.

La communauté internationale a maintenu que « la République démocratique du Congo expérimente l’une des plus graves crises humanitaires » au monde, selon les mots du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, dans un message vidéo envoyé à Genève.

« Prendre au sérieux la crise humanitaire »

Le ministre belge de la Coopération, Alexander De Croo, a lancé un appel aux « leaders congolais pour qu’ils prennent au sérieux la crise humanitaire qui sévit dans leur pays et s’attaquent aux causes intrinsèques de celle-ci ».

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Une injonction qui risque de tendre un peu plus les relations entre Bruxelles et son ancienne colonie, voire ses « partenaires extérieurs » en général.

En cette année électorale, le gouvernement congolais du président Joseph Kabila, supposé quitter le pouvoir dans moins d’un an, accuse la communauté internationale d’exagérer la crise humanitaire et de faire fuir les investisseurs.

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Kinshasa a très mal supporté que les Nations unies déclenche en octobre pour six mois le niveau d’alerte humanitaire 3 dans trois régions du pays (Kasaï, Sud-Kivu, Tanganyika).

Pour Kinshasa, cette classification assimile la RDC à des pays en guerre sous le feu de bombardements quotidiens comme la Syrie et le Yémen.

Le gouvernement congolais a récemment promis 100 millions de dollars pour aider sa population en détresse.

Arme de la faim

« L’ONU travaille en étroite collaboration avec le gouvernement de la RDC et des discussions sont en cours quant à l’organisation d’un événement de suivi de la conférence », assurent les organisateurs dans leur communiqué final.

En RDC, le boycott du gouvernement congolais, qui entend aussi refuser toute aide extérieure pour financer le processus électoral, aiguise les tensions.

« Cette attitude est irresponsable et criminelle. Elle relève d’un cynisme absolu (…) Kabila utilise l’arme de la faim pour maintenir son peuple sous la dictature », a accusé dans un communiqué jeudi l’opposant en exil Moïse Katumbi, candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre.

Autre candidat de l’opposition, Félix Tshisekedi avait encouragé « les donateurs potentiels à libérer un maximum de ressources ».

Le puissant épiscopat congolais a demandé vendredi que « le soulagement de la souffrance du peuple congolais soit mis au-dessus des revendications politiques ».

Outre les quelques 1,7 milliard de dollars attendus par les organisateurs, le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) avait aussi demandé 504 millions pour les réfugiés congolais dans les pays voisins (800.000 d’ici la fin de l’année selon le HCR).

La RDC accueille aussi plusieurs centaines de milliers de réfugiés (Centrafrique, Sud-Soudan, Burundi…) en raison des déplacements croisés de population fuyant les conflits.

« Moins de 50 centimes par jour »

Ces sommes réprésentent « moins de 50 centimes par jour pour chacune des personnes dont nous essayons de protéger et sauver la vie », selon le responsable onusien Marck Lowcock.

L’immense RDC (2,3 millions de km2, neuf frontières) subit en certains points de son territoire des conflits nourris par les milices et les groupes armés, que l’armée régulière ni la mission onusienne la plus importante du monde (Monusco) ne parviennent pas à enrayer.

Dans les deux Kivus (est), des groupes armés congolais ou étrangers tuent, enlèvent et pillent. Au Tanganyika (sud-est), un conflit entre milices bantous et pygmées en 2016-2017 a fait des centaines de milliers de déplacés.

Au Kasaï (centre), la région se relève avec peine des violences entre forces de sécurité et milices politico-religieuses Kamuina Nsapu (au moins 3.400 morts et 1,4 millions de déplacés). Des tueries ont repris en Ituri.

Cette insécurité aggrave la situation des Congolais qui vivent en grande majorité dans la pauvreté, dans ce pays débordant d’énergie où la richesse des sous-sols fait la fortune de quelques-uns.

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