Condamnation de Khalifa Sall au Sénégal : « Nous ne sommes plus dans un État de droit », estiment ses avocats

Après la condamnation, ce vendredi, du maire de Dakar à cinq ans de prison, ses avocats et supporteurs dénoncent l’instrumentalisation de la justice sénégalaise à des fins politiques. Ce que récusent les avocats de l’État ainsi que le porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye. Tour d’horizon des réactions à ce jugement hautement sensible.

Khalifa Sall, en octobre 2014 à Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Khalifa Sall, en octobre 2014 à Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 30 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Khalifa Sall se rendant à la convocation du doyen des juges d’instruction au palais de justice de Dakar, le 7 mars 2017. © Youri Lenquette/JA
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Sénégal : retour sur la chute de Khalifa Sall

Un an, jour pour jour, après le placement en détention de Khalifa Sall, le 7 mars 2017, Jeune Afrique vous propose de retrouver ici les moments clefs de cette descente aux enfers.

Sommaire

La décision est tombée au matin du 30 mars : Khalifa Sall a été condamné à une peine de cinq ans de prison, assortie d’une amende de 5 millions francs CFA, dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de la capitale sénégalaise. Une décision qui a soulevé de vives réactions dans les deux camps.

  • Avocats et soutiens du maire

À la sortie du palais de justice de Dakar, les conseils du maire n’ont pas eu de mots assez durs pour critiquer la décision du tribunal, présidé par le juge Malick Lamotte. Comme ils l’ont fait durant toute la procédure, ils ont dénoncé une justice aux ordres de l’exécutif dans la perspective de l’élection présidentielle de 2019, où Khalifa Sall est présenté comme un challenger potentiel – même s’il ne s’est jamais déclaré officiellement.

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Me Ciré Clédor Ly, avocat de Khalifa Sall : « Nous ne sommes plus dans un État de droit, avec cette justice devenue le bras armé de l’exécutif. C’est pourquoi, même si nous gardions un brin d’espoir, nous ne sommes pas surpris par cette décision. Les heurts auxquels on a assisté dans le tribunal [après le prononcé du jugement] témoignent d’un ras-le-bol général au sein de l’opinion publique : la justice ne peut pas parler au nom du peuple sénégalais alors que les décisions rendues sont au service d’une certaine classe sociale. »

Malick Gakou, président du Grand parti : « Le verdict, que nous venons d’apprendre est la manifestation la plus hideuse d’un régime aux abois, qui ne ménage aucun effort pour instrumentaliser la justice à des fins politiques. Mais trop, c’est trop. Debout, avec le peuple sénégalais, nous n’allons ménager aucun effort pour le triomphe de la démocratie. »

Comme il l’avait fait pendant les législatives, il va battre campagne [pour la présidentielle] du fond de sa cellule », affirme Me Khoureyssi Ba

Me Khoureyssi Ba, avocat deKhalifa Sall :

Comme victoire
  • La position de l’État et du gouvernement

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À l’inverse, les avocats représentant l’État et le porte-parole du gouvernement sénégalais ont estimé que le droit avait été respecté dans cette affaire, en soulignant l’absence de toute cabale politique.

Un « déni de justice » évité, selon Me Baboucar Cissé

Me Baboucar Cissé, avocat de l’État :

Seydou Guèye, porte-parole du gouvernement, sur la Radio Futurs Médias : « C’est une affaire qui concerne la ville de Dakar. Ce n’est pas une affaire contre Khalifa Sall, ou contre X, Y ou Z. À cette phase de la procédure judiciaire, le verdict a été prononcé conformément au code pénal et aux dispositions de la loi. »

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