Libye : le maréchal Haftar attaque les positions des rebelles tchadiens dans le sud

Le groupe armé tchadien Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR) a affirmé avoir été la cible de frappes de l’aviation de Khalifa Haftar et soutient que ces attaques sont le signe d’une coopération étroite entre le président tchadien Idriss Déby Itno et le maréchal libyen.

Le général Khalifa Haftar, le 25 avril 2011. © Magharebia/CC/Flickr

Le général Khalifa Haftar, le 25 avril 2011. © Magharebia/CC/Flickr

Publié le 29 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Les rebelles tchadiens basés dans le sud de la Libye ont été bombardés par des avions du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, a appris l’AFP. « L’armée de l’air a mené le week-end dernier des frappes contre un barrage tenu par la rébellion tchadienne […] à plus de 400 km au sud-est de Sebha (600 km au sud de Tripoli), ainsi que contre d’autres positions des rebelles tchadiens dans une oasis dans la région de Terbu, à quelques 400 km au sud de Sebha », a expliqué un responsable de l’armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar.

« Ces frappes visent à rétablir la sécurité et appliquer la loi dans le sud », a ajouté cette même source, sans détailler ni indiquer quels groupes avaient été visés.

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Une rébellion amoindrie

Le groupe armé tchadien Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), a affirmé avoir été visé par des avions du maréchal Haftar, selon Kingabé Ogouzeïmi de Tapol, porte-parole en exil du CCMSR, précisant qu’il n’y a pas eu de victime. Pour le CCMSR, les attaques sur le groupe par les hommes de Haftar sont le signe que le gouvernement tchadien de Idriss Déby Itno « sous-traite » au maréchal la charge de détruire les rebelles tchadiens en Libye.

Né d’une scission d’un autre groupe rebelle, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), le CCMSR se définit comme une opposition politico-militaire face à Idriss Déby Itno et revendique plusieurs milliers de combattants. Trois de ses membres avaient été arrêtés en octobre 2017 au Niger, dont le chef du groupe, Hassan Boulmaye. Aucune information sur eux n’a filtré depuis leur arrestation.

Depuis le sud libyen et l’est soudanais, plusieurs groupes tchadiens affirment préparer des attaques contre N’Djamena

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), présent dans la région de Koufra, dans le sud-est de la Libye, reste en bons termes avec le maréchal Haftar, avec qui il a passé un accord informel de non-agression, a assuré une source proche de ce groupe. Fondé en avril 2016, le Fact est une branche dissidente de l’ex-Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD). En février 2008, l’UFDD, réunie avec d’autres rébellions au sein de l’Alliance nationale (AN), avait mené une offensive sur N’Djamena, parvenant jusqu’aux portes du palais présidentiel avant d’être repoussée par l’armée.

Depuis le sud libyen et l’est soudanais, plusieurs groupes « politico-militaires » tchadiens affirment préparer des attaques contre N’Djamena. Mais des observateurs de la politique tchadienne estiment néanmoins qu’ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions. En janvier 2017, le Tchad avait annoncé la fermeture de la frontière terrestre avec son voisin libyen, en faisant état « d’une potentielle grave menace d’infiltration terroriste ».

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Aujourd’hui, les rébellions tchadiennes sont divisées et tentent de « survivre » grâce à des aides financières, au mercenariat ou à divers trafics, explique Jérôme Tubiana, spécialiste du Tchad et chercheur pour le groupe de recherche Small Arms Survey.

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