Pêche illicite : la Chine gèle les subventions de trois compagnies

Depuis 2016 Pékin, soucieux de son image en Afrique, a considérablement durcit le ton face aux navires qui reçoivent des subventions d’État tout en se livrant à des activités de pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée). L’ONG Greenpeace annonce que trois compagnies ont été sanctionnées suite à la campagne de 2017 dans les eaux ouest-africaines.

Mesure des tailles des filets à bord de l’Eighteen. © Pierre Gleizes pour Greenpeace

Mesure des tailles des filets à bord de l’Eighteen. © Pierre Gleizes pour Greenpeace

Publié le 9 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

L’ONG de défense de l’environnement Greenpeace, qui a mené en avril et mai 2017 des patrouilles conjointes avec les autorités maritimes de plusieurs États d’Afrique de l’Ouest, a annoncé ce vendredi que le ministère chinois de l’Agriculture avait pris acte des informations qui lui ont été transmises et suspendu les subventions en carburant de trois compagnies de pêche chinoises.

Parmi elles, la société Cangzhou Bohaixinqu Fuhai, propriétaire du Fu Hai Yu 1111, un bateau dont Jeune Afrique avait assisté à l’inspection dans les eaux sierra-léonaises. L’équipe y avait trouvé des filets aux mailles trop serrées, 70 sacs renfermant des requins entiers et 1 400 boîtes de poissons congelés à la provenance incertaine. Le Fu Hai Yu 1111 avait alors reçu l’ordre de rentrer au port de Freetown pour une inspection plus complète.

À bord, les agents de l’unité de protection des pêches ont trouvé un filet dont les mailles ont une largeur inférieure à ce qu’exige la loi. © Pierre Gleizes/Greenpeace

À bord, les agents de l’unité de protection des pêches ont trouvé un filet dont les mailles ont une largeur inférieure à ce qu’exige la loi. © Pierre Gleizes/Greenpeace

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Une autres des compagnies sanctionnées, Lian Run Pelagic Fishery Ltd, qui a un lourd historique de pratique de pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée) selon l’ONG, s’est même vue retirer son certificat de pêche lointaine, ce qui contraint ses 30 navires à arrêter leur activité.

Une politique plus sévère

« Ces mesures illustrent une fermeté de plus en plus grande des autorités chinoises envers les navires battant pavillon chinois qui sont impliqués dans une pêche INN », se réjouit l’organisation, qui précise avoir remis aux autorités ouest-africaines et chinoises des preuves portant sur diverses infractions, notamment des filets non réglementaires, des ailerons de requins et des activités de pêche sans autorisation.

Autant d’éléments qui « ont contribué significativement à aider le ministère chinois dans sa croisade contre la pêche INN impliquant des navires battant pavillon de la Chine », se félicite l’ONG environnementaliste.

Souvent mise en cause du fait des mauvaises pratiques de navires qu’elle subventionne, la Chine, soucieuse de son image en Afrique, « est en train de prendre des mesures pour restreindre les activités de pêche lointaine de 2 900 navires dans leurs principales zones de pêche », note encore Greenpeace, à qui le gouvernement chinois avait promis de se pencher sur les « cas litigieux » qui seraient relevés pendant sa campagne.

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Depuis 2016, le Gouvernement chinois a annulé environ 90 millions d’euros (700 millions de Yuan) de subventions pour 264 navires de pêche appartenant à 78 compagnies chinoises de pêche lointaine. Trois compagnies ont perdu leurs certificats de pêche lointaine, tandis que 15 armateurs et entrepreneurs ont été mis sur une liste noire.

Si l’ONG se réjouit de ces progrès, elle déplore cependant le peu de coopération des autorités ouest-africaines : selon elle, « aucune information n’a été transmise, par les pays d’Afrique de l’Ouest, aux autorités chinoises sur les infractions commises par des navires chinois dans cette région lors de ces patrouilles conjointes ».

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