La Tunisie en route vers les premières élections municipales depuis la révolution de 2011

Le dépôt des listes électorales pour les municipales qui se tiendront le 6 mai 2018, s’est clôturé jeudi 22 février 2018 en fin d’après-midi. La campagne des tant attendues élections locales peut désormais commencer.

Les élections municipales en Tunisie devaient se dérouler en décembre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Les élections municipales en Tunisie devaient se dérouler en décembre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

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Publié le 23 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Les dés sont désormais jetés : le dépôt des listes électorales pour les municipales en mai 2018 est terminé depuis ce jeudi, 18h. Un événement très attendu marquant le début effectif de la campagne des premières élections municipales démocratiques du pays depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011.

A la suite de la révolution, les municipalités ont été dissoutes et remplacées par des équipes provisoires appelées « délégations spéciales » et dont l’efficacité fait débat en Tunisie. Prévu initialement en décembre 2017, le scrutin avait été reporté à deux reprises, provoquant l’inquiétude de l’opinion publique et des observateurs internationaux

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Depuis 2011, la Tunisie a connu quatre élections démocratiques : l’élection d’une Constituante, en 2011 ; des élections législatives à un tour, suivies des deux tours de l’élection présidentielle de 2014. La tenue de ces élections est considérée pour beaucoup comme essentielle pour consolider la transition démocratique et un acheminement vers une décentralisation plus marquée du pouvoir.

Système de scrutin

Le vote pour les municipales est plurinominal à un tour. Les sièges sont répartis au niveau des circonscriptions, suivant la règle de la proportionnelle, avec un seuil de 3% pour obtenir un siège.

Ceux-ci sont ensuite répartis sur la base du quotient électoral, déterminé en divisant le nombre de suffrages exprimés par le nombre de sièges réservés à la circonscription. Le nombre des membres des conseils municipaux est fixé sur la base du nombre des habitants des municipalités : soit 12 membres pour les petites circonscriptions qui comptent moins de 10 000 habitants et jusqu’à 62 dans les grandes circonscriptions de plus de 500 000 habitants.

Ennahdha et de Nidaa Tounes mènent la course

Au total, 2 173 listes ont été déposés pour 350 circonscriptions électorales. Malgré une forte appréhension quant à la capacité des partis à boucler leurs listes à temps, l’Instance nationale des inscriptions électorales (ISIE) a révélé que 100% des municipalités avaient été couvertes avec au moins deux candidats.

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Lors de la conférence de presse de l’ISIE, ce vendredi 23 février 2018, son président Mohamed Tlili Mansri s’est félicité de cette offre électorale : « Cette couverture à 100% nous évite des élections qui seraient des élections partielles. À cela s’ajoute le nombre important de listes indépendantes, qui affirment l’aspect local et spécifique de ces élections », a-t-il notamment déclaré.

Chaima Bouhlel, ex-présidente d’Al Bawsala aujourd’hui journaliste, contactée par Jeune Afrique, considère pour sa part que le nombre élevé de listes indépendantes révèle « les ambitions participatives des Tunisiens », selon elle, cela démontre « un réel intérêt pour la politique et un désintérêt des partis ». 

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Sur les 1 099 listes partisanes, plus de la moitié ont été déposées par les deux partis au pouvoir : Ennahdha et Nida Tounes. Ces deux organisations politiques ont été les seules en capacité de proposer des listes sur l’ensemble des circonscriptions. Très loin derrière, c’est le Front populaire qui arrive en deuxième position avec des listes dans 132 circonscriptions.  

Pour pallier au manque de ressources humaines, onze partis et des indépendants ont opté pour une coalition :  l’« Union civile ». Ainsi, ils ont réussi à déposer plus de 300 listes, dont 43 au nom de la coalition. Le reste a été déposé sous forme de listes indépendantes et de listes portant les noms des partis qui soutiennent l’Union, dont Afek Tounes et Machrou Tounes.

Des conditions de participation contraignantes

Les listes présentées devaient remplir plusieurs critères, notamment la parité verticale et horizontale homme-femme ( têtes de listes et nombre total), la présence d’au moins une personne handicapée dans chaque liste et de trois jeunes de moins de 35 ans.

Pour ce qui est de la parité, l’ISIE a révélé lors de sa conférence de presse la défaillance de nombreux partis à remplir cette condition à des degrés divers : sont notamment concernées 14 listes concernées de Nida Tounes, une d’Ennahdha, ou encore sept listes de Machrou Tounes. Quelques rares partis comme Afek Tounes ont réussi à respecter cette règle.

Toutefois, les partis concernés devront trouver rapidement le moyen de régler les problèmes portant sur ces listes pour se conformer à la loi sur les élections et les référendums, faute de quoi elles seront rejetées. 

Des manques à pallier

Le code des collectivités locales, censé définir la répartition des tâches entre pouvoir central et futures municipalités, vient seulement de sortir de commission parlementaire. Le président de la Commission de l’organisation de l’administration et des affaires des forces armées, Mohamed Nacer Jbira, a déclaré que ce texte serait adopté par l’Assemblée des représentants du peuple en avril 2018. Sans ce code, les élections pourraient avoir lieu, mais seraient alors régies par les lois d’avant la révolution, « ce qui constituerait un important retour en arrière », selon Cheima Bouhlel.

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