Afrique subsaharienne : « une reprise modeste » en 2018, selon la Banque mondiale

Les prévisions de la Banque mondiale, publiées mardi, indiquent qu’une reprise modeste est en cours en Afrique subsaharienne, avec 3,2 % de croissance en 2018, même si les risques d’une baisse restent importants.

Jim Yong Kim, président de la Banque Mondiale,  le 30 juin 2016 à New Delhi. © Saurabh Das/AP/SIPA

Jim Yong Kim, président de la Banque Mondiale, le 30 juin 2016 à New Delhi. © Saurabh Das/AP/SIPA

VICTOR_BERENGER-ConvertImage

Publié le 10 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Dans le rapport sur les « Perspectives économiques mondiales » publié le mardi 9 janvier, la Banque mondiale présente ses prévisions pour l’année à venir.

Dressant le bilan de l’année écoulée, l’institution de Washington rappelle que la croissance en Afrique subsaharienne a rebondi de 2,4 % en 2017, après 1,3 % en 2016, grâce à la hausse du prix des matières premières, des conditions financières internationales favorables et un ralentissement de l’inflation, qui a eu un effet positif sur la demande des ménages. Cette reprise est cependant marquée par une croissance du revenu par habitant négative, de faibles investissements, et une chute de la croissance de la productivité.

la suite après cette publicité

Les plus grosses économies de la région – l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud – ont connu une croissance modeste, tandis que la reprise a été limitée pour les producteurs pétroliers de la Cemac, qui ont continué à subir les conséquences de la baisse du prix du pétrole. La croissance s’est accélérée pour les économies exportatrices de métaux, tandis que l’activité dans les économies non intensives en ressources – principalement basées sur l’agriculture – a été stable, soutenue par des investissements dans les infrastructures et l’accroissement de la production agricole.

Les réserves extérieures restent faibles

Les déficits des comptes courants se sont réduits, mais restent élevés, avec une médiane de 7 % du PIB. Les conditions financières internationales accommodantes ont facilité le financement de ces déficits, avec une augmentation des émissions souveraines et un sentiment des investisseurs favorable aux économies « frontières ».

Cependant, les IDE en direction de l’Afrique subsaharienne ne devraient augmenter que de manière limitée en 2017. En conséquence, les niveaux de réserves extérieures vont rester faibles, à environ 3 mois d’importations, signalant la nécessité pour les économies de la région de reconstituer un « coussin » financier, d’après la Banque mondiale.

>>> LIRE AUSSI – L’Afrique subsaharienne n’est pas tirée d’affaire, prévient le FMI

la suite après cette publicité

Les monnaies de la région se sont stabilisées, en particulier pour les économies exportatrices de pétrole, qui ont bénéficié de la hausse des prix du pétrole, d’une augmentation de la production pétrolière, et de l’affaiblissement du dollar. L’inflation a suivi la même trajectoire, à la faveur de la stabilisation des monnaies nationales et d’un ralentissement de la hausse des prix alimentaires, ce qui a permis à certaines banques centrales de réduire les taux d’intérêt. L’inflation reste néanmoins élevée dans certains pays (Nigeria, Angola).

En 2018, la croissance devrait s’établir à 3,2 %

Alors que les déficits publics ont eu tendance à baisser, en particulier en raison des coupes budgétaires importantes dans les pays pétroliers, la dette publique a continué de croître, avec une médiane qui est passée de 48 % en 2016 à 53 % en 2017, avec les économies non basées sur les ressources naturelles qui ont réalisé d’importants investissements publics. Au total, l’écart de soutenabilité des finances publiques s’est accru en moyenne de 4 points, reflétant une hausse de la dette et des déficits publics. L’augmentation de l’endettement public s’accompagne d’un accroissement de la dette privée, avec les prêts bancaires au secteur privé domestique atteignant 29 % du PIB de la zone.

la suite après cette publicité

3,2 % de croissance en 2018, puis 3,6 % en 2018-2020

Pour 2018, la croissance devrait s’établir à 3,2 %, puis à une moyenne de 3,6 en 2018-2020. Malgré cette reprise, les taux de croissance demeurent inférieurs à ceux avant la crise financière globale, reflétant en partie les difficultés des plus grandes économies de la région à accroître les investissements privés. La croissance dans la région Cemac va rester modérée, mais devrait s’améliorer progressivement, les économies continuant à s’ajuster à des niveaux de prix du baril moins élevés. En revanche, l’activité économique devrait rester solide au sein de l’UEMOA, avec une croissance rapide au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

La Banque mondiale recommande des politiques permettant une croissance plus inclusive et des réformes structurelles

Parmi les risques pointés par les prévisions de la Banque mondiale, figurent le ralentissement de l’économie chinoise, qui pourrait avoir des effets importants sur la région, à travers la baisse du prix des matières premières. Les pays les plus vulnérables à ces risques seraient les exportateurs de métaux et les économies de la Cemac. Des difficultés au niveau domestique pourraient apparaître en raison de la hausse de l’endettement public, de l’instabilité politique et de la dégradation des conditions sécuritaires, en particulier en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale.

Pour faire face à ces risques, la Banque mondiale recommande des politiques permettant une croissance plus inclusive et des réformes structurelles pour réduire les déficits budgétaires.

L'eco du jour.

Chaque semaine, recevez le meilleur de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Cemac : comment sortir de la crise ?

Contenus partenaires