Liberia : George Weah élu président

Le président de la commission électorale libérienne a communiqué jeudi soir les premiers résultats de l’élection présidentielle du 26 décembre. L’ancien footballeur l’emporte largement face au vice-président, Joseph Boakai.

L’ancien footballeur et homme politique George Weah, le 16 mai 2017 au siège de Jeune Afrique, à Paris. © Cyrille Choupas pour JA

L’ancien footballeur et homme politique George Weah, le 16 mai 2017 au siège de Jeune Afrique, à Paris. © Cyrille Choupas pour JA

Publié le 28 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

George Weah à Paris, le 22 février 2018 © Vincent Fournier pour Jeune Afrique
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George Weah : les cent jours à la tête du Liberia

Il y a cent jours, George Weah prenait les rênes de l’État, faisant naître un immense espoir. Mais comment être à la hauteur d’une telle attente ? Entre annonces symboliques et tâtonnements, récit des premiers pas du footballeur devenu président.

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La troisième fois a été la bonne pour George Weah. Alors que 98,1 % des bulletins ont été dépouillés, ce jeudi 28 décembre dans la soirée, l’ancienne star du football a déjà recueilli 61,5 % des voix, contre 38,5 % des voix pour Joseph Boakai, selon la commission électorale (NEC). Le taux de participation est lui de 56 %, en baisse par rapport au premier tour où il s’élevait à 75,2 %.

Dès l’annonce de cette large victoire, des cris de joie ont retenti dans les rues de Monrovia, la capitale, qui est un des bastions du nouveau président. Ce gamin élevé dans les bidonvilles, devenu le seul Africain à avoir gagné un Ballon d’Or, récompense suprême du football, avait déjà essayé à deux reprises d’entrer à Mansion House, le palais présidentiel libérien. En 2005, alors qu’il concourait pour le poste de président, et en 2011, alors qu’il souhaitait devenir vice-président, il avait échoué face à Ellen Johnson Sirleaf.

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« L’espoir est immense »

Raillé pour sa mauvaise maîtrise de l’anglais et des codes de la politique, il a, pendant une décennie, travaillé son réseau et son image, notamment en obtenant un diplôme aux États-Unis et en se faisant élire sénateur en 2014. Durant toute cette campagne, il a affiché son optimisme et sa confiance en sa victoire. « C’est avec une profonde émotion que je remercie les libériens de m’avoir donné leurs votes aujourd’hui. L’espoir est immense », écrivait-il par exemple sur Twitter à la sortie des bureaux de vote le 26 décembre.

Ses partisans avaient néanmoins fait part de leur inquiétude après la suspension du second tour par la Cour suprême libérienne. Charles Brumskine, le candidat arrivé troisième lors du premier tour avait en effet déposé un recours pour dénoncer des fraudes et des irrégularités pendant le vote. Une plainte à laquelle s’était joint Joseph Boakai, le vice-président, arrivé deuxième. La Cour suprême avait finalement ordonné des améliorations à la NEC et l’organisation d’un second tour, sept semaines après la date prévue par le calendrier initial. L’équipe du vice-président n’a pas encore annoncé s’il déposerait de nouveau retour suite au second tour.

« Sleepy Joe » n’a pas réussi à incarner le changement

Surnommé par ses détracteurs « Sleepy Joe », pour sa tendance à s’assoupir lors de réunion publique, ce technocrate de 73 ans n’a pas réussi à incarner le changement auprès des électeurs. « Le handicap majeur de Boakai est qu’il apparaissait comme une continuité du pouvoir de Johnson Sirleaf, dont les résultats sont au mieux mitigé. George Weah a deux atouts majeurs, il apparait comme une rupture et son origine modeste a eu un écho favorable auprès de la jeunesse libérienne. Pour de nombreux votants, c’est une sorte de garantie qu’il les connait et qu’il pourra mieux s’occuper de leurs problèmes », décrypte Mathias Hounkpe, politologue à OSIWA (Open society intiative for west Africa) et spécialiste du Liberia.

Plusieurs observateurs ont néanmoins fait part de leurs interrogations après les alliances nouées par le nouveau président du Liberia. La nouvelle vice-présidente du pays sera en effet Jewel Howard Taylor, l’ancienne femme du président Charles Taylor, condamné à 50 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Entre les deux tours, George Weah a reçu le soutien d’un autre personnage sulfureux : Prince Johnson. Cet ancien seigneur de guerre était devenu célèbre après avoir été filmé sirotant une bière et ordonnant à ses hommes de torturer le président Samuel Doe, en 1990.

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