Centrafrique : la Russie autorisée par l’ONU à vendre des armes aux FACA

La Russie s’apprête à livrer des armes à Aux Forces armées centrafricaines (FACA), avec le feu vert – tacite – des Nations unies, malgré l’embargo imposé au pays depuis 2013. La mise à disposition de ces équipements russes, qui devraient arriver entre les mains des soldats centrafricains dans les trois mois, sera l’objet d’un contrôle strict, assurent les autorités centrafricaines.

Des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA), le 20 mars 2014 à Bangui, lors des prémisses de la reconstruction des FACA. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA), le 20 mars 2014 à Bangui, lors des prémisses de la reconstruction des FACA. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 15 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Le réarmement des FACA, les forces armées centrafricaines, et la levée de l’embargo sur les armes imposé au pays depuis 2013 sont des demandes anciennes des autorités de Bangui. Dès 2014, Catherine Samba-Panza, alors présidente du pays, plaidait en ce sens.

« Dès mon élection, j’ai demandé le réarmement de nos militaires, de nos gendarmes et de nos policiers. Mais j’ai été confrontée à un refus poli de la part du Conseil de sécurité des Nations unies », déclarait-elle en mars 2014, dans un discours à la nation, affirmant par ailleurs : « Je m’emploie tous les jours à convaincre nos partenaires extérieurs. »

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Première livraison d’armes depuis 2013

Il aura fallu attendre près de trois ans après ce discours pour que les FACA reçoivent de nouveaux équipements. Un lot d’armes et de matériels – russes -, dont la totalité devrait être livrée à l’armée centrafricaine dans les trois mois, selon Fidèle Gouandjika, conseiller spécial du président centrafricain.

« Nous sommes en train de prendre des précautions pour recevoir ces équipements. Nous devons mettre en place des systèmes de contrôle et de sécurisation afin que ces matériels militaires ne puissent pas tomber entre de mauvaises mains », a-t-il déclaré vendredi à Jeune Afrique.

Ces livraisons sont devenues possibles jeudi 14 décembre au soir. Mais l’ONU n’a pas formellement donné son feu-vert à la levée de l’embargo sur les armes. La demande de dérogation présentée par la Russie devant le Conseil de sécurité des Nations unies était en effet entrée en « procédure de silence ». En clair : si personne au sein du Conseil de sécurité ne s’y opposait avant 20 h GMT jeudi, la demande était acceptée.

La France, les États-Unis et le Royaume-Uni demandent des précisions

En novembre, la France s’était opposée à ces livraisons, brisant la « procédure de silence ». Cette fois, elle s’est abstenue. Mais Paris, tout comme Washington et Londres, a réclamé davantage d’informations sur les livraisons russes.

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Moscou a fait savoir qu’il s’agissait notamment de 900 pistolets Makarov, 5 200 fusils d’assaut AKM, 140 armes de précision, 840 fusils mitrailleurs Kalachnikov, 270 lance-roquettes RPGs et 20 armes anti-aériennes, ainsi que les munitions. Des armes destinées à équiper les 1 300 hommes de deux bataillons des FACA, dont l’un, formé par l’Union européenne, sort du camp de formation à Bangui vendredi après-midi.

Des cadets des Forces armées centrafricaines lors d'une remise de diplômes en avril 2017 à Bangui. © Zack Baddorf/AP/SIPA

Des cadets des Forces armées centrafricaines lors d'une remise de diplômes en avril 2017 à Bangui. © Zack Baddorf/AP/SIPA

C’est un marché très important que la France voulait obtenir : elle se battait aussi pour obtenir la même dérogation

« La Russie n’a pas d’intérêts cachés, elle n’a jamais colonisé un pays et ce n’est pas avec nous qu’elle le fera, insiste Fidèle Gouandjika, ancien candidat à la présidentielle centrafricaine devenu conseiller de Faustin Touadera. C’est un marché très important que la France voulait obtenir : elle se battait aussi pour obtenir la même dérogation [que les Russes]. Mais nous avons conclu avec la Russie, parce que ces dotations nous coûtent moins que celles de la France. »

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Vendredi matin, Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement centrafricain, avait déjà qualifié de « bonne nouvelle » ce feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU à la levée partielle de l’embargo sur les armes, tout en jugeant « prudent » de ne pas « dévoiler des secrets de l’État ».

Maxime Kazagui a expliqué que ces « efforts du gouvernement » à déployer l’armée centrafricaine sur le terrain était motivés par une « volonté de restaurer très vite l’autorité de l’État ». Pour Fidèle Gouandjika, « c’est une urgence aujourd’hui que les forces armées centrafricaines soient rééquipées et déployées aux côtés des Casques bleus » dans le pays.

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