Côte d’Ivoire : les questions que pose le comité de haut niveau du RHDP

La mise en place, début décembre 2017, par Alassane Ouattara, président d’honneur du Rassemblement des républicains (RDR) et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), du comité dit de haut niveau du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) en vue de la création d’un futur parti unifié, pose de nombreuses questions.

Intervention de Lancine Kone pendant la réunion de préparation au siège du RHDP pour la visite du président Alassane Ouattara à Korhogo, en 2015. © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

Intervention de Lancine Kone pendant la réunion de préparation au siège du RHDP pour la visite du président Alassane Ouattara à Korhogo, en 2015. © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

silver

Publié le 13 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

En septembre 2017, à l’issue du congrès du RDR, Alassane Ouattara avait annoncé : « Le RHDP sera un parti unifié avant la fin de l’année 2017 ». Il est désormais certain que le parti unifié né de la coalition du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) ne sera pas une réalité à l’échéance promise par le chef de l’État.

Cependant, en réussissant à mettre en place le comité de haut niveau, dont la mission sera de proposer des textes et un chronogramme de mise en place des structures du futur parti unifié, les responsables du RHDP ont franchi un grand cap.

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>>> A LIRE – Côte d’Ivoire – Henri Konan Bédié : « En 2020, le candidat du RHDP sera issu de mon parti » (juin 2017)

Porté sur les fonts baptismaux en mai 2005, à Paris, « le RHDP s’était donné pour mission principale la conquête du pouvoir. Ce but atteint, il va falloir qu’il passe à une autre étape : celui de la conservation du pouvoir », explique Azoumana Moutayé, président du Mouvement des forces d’avenir (MFA, membre du RHDP).

MFA et Soro absents

Guillaume Soro, en mars 2012. © Emanuel Ekra/AP/SIPA

Guillaume Soro, en mars 2012. © Emanuel Ekra/AP/SIPA

La « sorosphère » digère difficilement cette mise à l’écart

Pourtant, la formation de ce comité, composé de dix-sept personnalités – six du PDCI, six du RDR, trois de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI d’Albert Mabri Toikeusse), un de l’UPCI (Union pour la Côte d’Ivoire) et un du PIT (Parti ivoirien des travailleurs) – posent plusieurs questions.

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La première est l’absence de membres du MFA. Ce parti traverse une crise face à laquelle les autres membres du RHDP adoptent une attitude de neutralité ou d’indifférence.

Autre absence de marque, celle de Guillaume Soro, pourtant nommé vice-président du RDR. Ni le président de l’Assemblée nationale, ni l’un de ses proches, ne figure dans la liste au contraire du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, et du ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, tous deux considérés comme ses rivaux. La « sorosphère » digère difficilement cette mise à l’écart qui n’augure rien de bon pour son champion. Mais ce dernier se garde bien de tout commentaire.

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Craintes au sein du PDCI

Lors de la campagne présidentielle de 2015, Henri Konan Bédié, patron du PDCI, avait apporté son soutien à ADO, candidat de l’alliance RHDP. © Sylvain Cherkaoui/JA

Lors de la campagne présidentielle de 2015, Henri Konan Bédié, patron du PDCI, avait apporté son soutien à ADO, candidat de l’alliance RHDP. © Sylvain Cherkaoui/JA

Nous, militants du PDCI, sommes obligés d’avaler des couleuvres, mais pour combien de temps ?

Enfin, vient le cas du PDCI. Son président Henri Konan Bédié y a placé Daniel Kablan Ducan, tout en prenant soin de mettre à l’écart tous les autres potentiels candidats à la prochaine élection. Comme pour éviter qu’ils puissent faire de l’ombre au vice-président, considéré comme le principal bénéficiaire des réformes politiques opérées par Ouattara et Bédié ces dernières années.

Néanmoins, certains analystes estiment que Bédié, fin stratège, pourrait encore cacher son jeu, mettant à l’aise son allié Ouattara en attendant de dévoiler sa réelle carte à la présidentielle de 2020. Car en interne, l’éventualité d’un parti unifié fait grincer des dents.

« Quelques fois, nous, les militants du PDCI, même mécontents, nous sommes obligés d’avaler des couleuvres, mais pour combien de temps ? Cette affaire de RHDP, ça suffit ! », s’insurge Ange Dagaret-Dassaud, membre du bureau politique du parti.

Il semble que la partie de la création du parti unifié du RHDP n’est pas du tout gagnée d’avance par la paire Bédié et Ouattara.

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