L’œil de Glez : caricature burkinabè, poil à gratter devenu baume

Les dessinateurs burkinabè caricaturent Ouagadougou pendant dix jours, sous l’égide de l’association « Cartooning for peace » et du festival « Ciné droit libre »…

L’œil de Glez. © Glez / J.A

L’œil de Glez. © Glez / J.A

 © GLEZ

Publié le 12 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Attentat du restaurant Aziz Istanbul de Ouagadougou, visite tonitruante d’Emmanuel Macron au Faso, décès du président de l’Assemblée nationale burkinabè Salif Diallo : aucun de ces événements majeurs n’a été traité en dessin de presse dans les journaux du Burkina.

Pudeur ? Censure ? De 1991 à 2016, pourtant, des lecteurs parfois analphabètes riaient des caricatures du Journal du Jeudi, « hebdromadaire » satirique qui a suspendu, depuis, sa parution. L’association internationale « Cartooning for peace », créée sous l’impulsion de Kofi Annan après l’affaire des caricatures danoises de Mahomet, n’entend pas voir le dessin satirique céder la place à la photographie générique ou à l’infographie aseptisée…

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Timpous, Zoetaba, Main2Dieu, Sam, Ledon et Deris en live

Du 12 au 16 décembre, des caricaturistes burkinabè – Timpous, Zoetaba, Main2Dieu, Sam, Ledon et Deris – réalisent des œuvres « live » au cœur du festival « Ciné droit libre », sous la direction artistique de l’illustrateur El Marto.

Soutenu par l’Union européenne, le projet « Dessinons la paix et la démocratie » de « Cartooning for peace » se déploie dans neuf pays de la planète, dont quatre africains : le pays des Hommes intègres mais aussi la Côte d’Ivoire, le Maroc et la Tunisie.

En amont, les satiristes burkinabè ont été formés à l’intervention devant des publics jeunes et des personnes incarcérées ; en aval, ils réaliseront une fresque éphémère à l’Institut français de Ouagadougou. Le 11 décembre, jour de la fête nationale, c’est à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) qu’ils ont réalisé des peintures murales. Toute la semaine, ils sensibilisent des collégiens et des lycéens au décryptage des « cartoons », à la libération de la parole et à la tolérance vis-à-vis des sujets tabous.

Faire perdurer les caricatures

En filigrane, les cartoonists tentent de réfléchir aux modèles « économiques » susceptibles de pérenniser leur métier dans un contexte de crise africaine et mondiale de la presse « papier ». Lueur d’espoir : quelques années après l’effacement du « Cafard libéré », le Sénégal vient d’enregistrer le retour du « P’tit railleur sénégalais »…

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Pendant quelques jours, à Ouagadougou, les crayons vitriolés se font donc plus consensuels. Le politiquement correct, dans la carrière d’un caricaturiste impertinent, c’est un peu comme un verre de bissap dans la semaine d’un buveur de bière : à petite dose, ça rafraîchit. À consommer avec modération…

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