Ce qu’il faut retenir des nouvelles conclusions de l’UE sur la RDC et de la réaction de Kinshasa

Reconduction des sanctions contre les proches du président congolais Joseph Kabila, appel au respect du calendrier électoral… Réuni lundi à Bruxelles, le Conseil de l’UE s’est une nouvelle fois prononcé sur la situation politique et sécuritaire en RDC.

Joseph Kabila, président de la RDC, le 23 septembre 2017, à New-York. © Craig Ruttle/AP/SIPA

Joseph Kabila, président de la RDC, le 23 septembre 2017, à New-York. © Craig Ruttle/AP/SIPA

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Publié le 11 décembre 2017 Lecture : 4 minutes.

Pas d’appui au processus électoral sans garantie du respect par Kinshasa de la Constitution et de l’accord de la Saint-Sylvestre. C’est ce qui ressort de 10 conclusions adoptées, le lundi 11 décembre à Bruxelles, par les ministres des Affaires étrangères du Conseil de l’UE. De fait, ces résolutions ont plus concerné le processus électoral en cours en RDC.

« L’UE estime [en effet] qu’il est déterminant, notamment pour la légitimité des institutions chargées de la transition, de garantir que la date des élections désormais fixée du 23 décembre 2018 soit respectée. » Mais en publiant le calendrier électoral début novembre, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avait prévenu que plusieurs contraintes financières, techniques et juridiques pourraient rendre difficile le respect de ce délai.

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Des mises en garde balayées par l’UE qui rappelle qu’il est de la « responsabilité première du gouvernement et des institutions en charge de l’organisation des élections, en particulier la Ceni » de tout mettre en oeuvre pour garantir le respect du calendrier électoral.

Mesures de décrispation …

Prolongeant pour un an les sanctions prises à l’encontre de certains proches du président Joseph Kabila, l’UE appelle également le régime de Kinshasa à respecter la Constitution et a considéré « l’urgence de la mise en œuvre intégrale par le gouvernement de l’ensemble des mesures de décrispation politique prévues par l’accord de la Saint Sylvestre, nécessaires pour réunir les conditions d’élections crédibles et inclusives, rétablir la confiance entre les acteurs concernés et apaiser les tensions politiques, notamment la libération de tous les prisonniers politiques, la fin des poursuites judiciaires injustifiées, la fin de la duplication des partis politiques, la liberté de la presse et la réouverture des médias fermés. »

… contre financement du processus électoral

Avant d’apporter son appui financier au processus électoral, l’UE indique qu’elle « évaluera » la mise en oeuvre de ces mesures prévues par l’accord politique de la Saint-Sylvestre conclu entre le camp du président Kabila et l’opposition. Un compromis politique « sur lequel se fonde la légitimité de la transition », rappellent les ministres européens.

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Autres préalables avant le décaissement des fonds européens : « Le respect des droits de l’homme et la réouverture de l’espace politique, ainsi que les mesures nécessaires pour garantir un processus électoral transparent et inclusif, l’application scrupuleuse du nouveau calendrier électoral, la publication d’un budget crédible et un plan de décaissement réaliste, l’adoption de la législation électorale requise et la fiabilisation du fichier électoral. »

Dans la foulée, les autorités belges ont « salué » les conclusions adoptées par le Conseil de l’UE. Celles-ci « soulignent la nécessité d’organiser des élections libres et crédibles en RDC et rappellent la volonté de l’UE de contribuer au processus électoral pour autant que des mesures nécessaires soient prises afin de garantir la crédibilité du processus tant sur le plan technique qu’en ce qui concerne l’ouverture de l’espace démocratique », ont ainsi déclaré le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et son collègue en charge de la Coopération au développement Alexander De Croo.

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En clair, « la Belgique a décidé de réserver dans un premier stade 5 millions d’euros en appui aux élections, qui pourront être libérés dès que ces conditions seront réunies et elle encourage ses partenaires à agir dans le même sens, en restant très attentifs aux engagements des autorités congolaises ».

Une « moquerie » selon Kinshasa

De nouvelles sanctions n’ont pas pas été adoptées, comme le souhaitaient certains pays de l’UE

À Kinshasa, l’on s’étonne de cette annonce des autorités belges. « Cinq millions d’euros et des conditions ? C’est une moquerie. Savez-vous combien le gouvernement congolais donne à la Ceni chaque mois ? 30 millions de dollars. » Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique du président Kabila, regrette aussi que les partenaires européens de la RDC « n’écoutent pas » Kinshasa.

« Ils sont souverains », lâche-t-il, dépité. Mais « de nouvelles sanctions n’ont pas pas été adoptées, comme le souhaitaient certains pays de l’UE. C’est une bonne chose », nuance-t-il aussitôt.

Quant aux mesures de décrispation, Kikaya Bin Karubi dit que les autorités congolaises en ont déjà prises. « Nous libérons des soi-disant prisonniers politiques, mais l’UE en trouve toujours d’autres », tance-t-il.

[Moïse Katumbi] peut rentrer quand il le veut pour faire face à la justice

Quid du retour de l’opposant Moïse Katumbi en homme libre en RDC comme l’avait demandé en juin le Haut-conseil des Nations unies aux droits de l’homme ? « Pour nous, c’est quelqu’un qui a quitté le pays pour aller se soigner. Il peut rentrer quand il le veut pour faire face à la justice. Spolier un immeuble n’est pas une affaire politique mais judiciaire », poursuit le conseiller de Kabila.

En juin 2016, alors qu’il se trouvait toujours en exil, Moïse Katumbi était en effet condamné à trois ans de prison ferme dans un litige immobilier avec un Grec. Un « procès politique », selon l’entourage de l’ex-gouverneur du Katanga désormais candidat déclaré à la présidentielle.

Abondant dans le même sens, un rapport confidentiel des évêques destiné à Kabila dénonçait également des « mascarades » dans les procès engagés contre Moïse Katumbi et Jean-Claude Muyumba, un autre opposant politique détenu et condamné à Kinshasa dans une affaire de spoliation d’immeuble l’opposant au même sujet grec.

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