Coup de pouce de l’ONU à la force naissante G5-Sahel

Le Conseil de sécurité a adopté vendredi à l’unanimité une résolution autorisant les Casques bleus de la force de l’ONU déployée au Mali à apporter un soutien logistique et opérationnel à la force antijihadiste naissante G5-Sahel.

Une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, le 29 novembre 2017. © Mary Altaffer/AP/SIPA

Une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, le 29 novembre 2017. © Mary Altaffer/AP/SIPA

Publié le 8 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

La résolution, rédigée par la France, a fait l’objet d’une négociation ardue avec les Etats-Unis opposés pendant longtemps à toute implication de l’ONU dans cette force opérée par le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

« Un dialogue franc et constructif »

« Le dialogue a été franc, constructif et je crois productif » tout au long de la négociation avec l’ambassadrice américaine Nikki Haley, a déclaré le représentant diplomatique français à l’ONU, François Delattre. La diplomate américaine a de son côté évoqué « la créativité » du texte, en soulignant que les Etats-Unis étaient attachés à soutenir les pays africains dans leur combat contre le terrorisme.

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Le soutien de la Minusma de l’ONU s’exercera dans les domaines de l’évacuation médicale, du ravitaillement en carburant, en eau et en rations alimentaires. Les Casques bleus pourront aussi mettre à disposition de la force G5-Sahel leurs unités d’ingénierie lors de l’établissement de camps de base des unités antijihadistes.

Objectif : 5 000 soldats

La force transfrontalière G5-Sahel vient de débuter ses premières opérations sur le terrain. Disposant d’états-majors dans différents pays, elle doit comprendre à terme, c’est-à-dire au début du printemps, 5 000 hommes.

Récemment, le président français Emmanuel Macron a jugé que la mise en place de cette force « n’avançait pas assez vite ». Il a convoqué une réunion internationale à Paris le 13 décembre pour « accélérer (son) déploiement ».

Dans sa résolution, le Conseil de sécurité la France demande au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de conclure « au plus vite » un « accord technique entre l’ONU et les Etats du G5-Sahel pour fournir un soutien logistique et opérationnel via la Minusma » à cette nouvelle unité militaire africaine. Tous les six mois, un rapport de l’ONU sera aussi prévu sur la coordination de la force G5-Sahel avec la Minusma.

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La force de paix de l’ONU déployée au Mali compte quelque 10 000 Casques bleus.

Le Sahel : « une menace pour la paix »

La résolution souligne que « les activités d’organisations criminelles et terroristes dans la région du Sahel constituent une menace à la paix et la sécurité internationales ».

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Pour vaincre les réticences des Etats-Unis à une implication de l’ONU dans la nouvelle force africaine alors que Washington cherche à réduire les dépenses de l’organisation internationale, un « mécanisme de financement coordonné par l’Union européenne » est prévu dans la résolution. L’ONU sera par ce biais remboursée de toutes les dépenses engagées au profit de la force G5-Sahel.

Cette contribution logistique et opérationnelle de l’ONU n’interviendra que lorsque la force G5-Sahel se trouvera sur le territoire malien. Et à condition qu’elle ne porte pas préjudice à la mission des Casques bleus, souligne le texte.

Un financement toujours pas bouclé

A ce jour, le financement de la force G5-Sahel n’est pas assuré. Il est estimé à 250 millions d’euros pour ses débuts et à « 400 millions à plein exercice » au printemps 2018, selon Paris.

L’Union européenne a promis 50 millions d’euros, la France 8 millions (surtout en matériels), chacun des cinq pays fondateurs 10 millions, et l’Arabie Saoudite 100 millions. Les Etats-Unis ont promis aux cinq pays membres de la force une aide bilatérale de 60 millions de dollars.

La résolution adoptée vendredi est la deuxième de l’ONU consacrée à la force G5-Sahel. Un premier texte a minima pour cause d’opposition américaine, adopté en juin, s’était borné à apporter un premier soutien politique à cette nouvelle force, créée à l’initiative de la France.

Avec le nouveau texte, « on rajoute un petit étage », se félicite-t-on à Paris. A l’origine du lancement de la force au début de l’été, les Etats-Unis refusaient toute résolution sur le sujet, ajoute-t-on de même source, sans pouvoir dire si la mort récente de militaires américains au Niger avait favorisé des changements à Washington.

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