Adama Sangaré, maire de Bamako : « Il faut consolider la base de l’Adéma à travers le Mali »

Au Mali, les élections locales et régionales se tiendront le 17 décembre. Parmi les grands enjeux de ce scrutin, l’élection du maire de Bamako. En poste depuis 2007, Adama Sangaré, figure de l’Adéma, brigue un troisième mandat. Interview.

Adama Sangaré, le maire de Bamako, le 17 novembre 2017 à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Adama Sangaré, le maire de Bamako, le 17 novembre 2017 à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 21 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Voilà dix ans qu’il dirige la cité aux trois caïmans. Maire du district de Bamako et vice-président de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj), Adama Sangaré, 51 ans, sera l’un des candidats à observer de près lors des élections locales et régionales du 17 décembre.

Campagne électorale à Bamako, objectifs de l’Adéma au niveau national, éventuel soutien du parti de l’abeille au président sortant Ibrahim Boubacar Keïta à la présidentielle de 2018… Le maire de Bamako répond aux questions de Jeune Afrique.

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Jeune Afrique : Vous êtes présenté comme le favori de l’élection pour la mairie de district de Bamako. Assumez-vous ce statut ?

Adama Sangaré : Je l’assume totalement. Je suis vice-président de l’Adéma et j’ai dix ans d’expérience à la tête de la ville de Bamako. Je suis surtout soutenu par huit grands partis sur les onze qui forment la majorité présidentielle. Nous allons tout faire pour dépasser les 60% des voix. Nous voulons obtenir un maximum d’élus pour avoir les mains libres et pouvoir travailler sereinement. Bamako en a besoin.

Qui sont vos principaux rivaux ?

Je ne parle pas de rivaux mais d’autres candidats. Il y a d’abord Issa Guindo, du RPM [Rassemblement pour le Mali], avec lequel je partage beaucoup de valeurs. Il y a également Moussa Mara, ex-Premier ministre et candidat de Yelema [« Changement », en bambara], ou encore Me Demba Traoré, opposant et candidat de l’URD [Union pour la république et la démocratie]. Enfin, Abdelkader Sidibé, avec lequel j’ai travaillé pendant dix ans en commune III, représentera la Codem [Convergence pour le développement du Mali]. Je les ai tous vu à l’œuvre et ils connaissent bien les questions de gestion municipale.

J’aurais aimé que nous restions ensemble pour que la mouvance présidentielle reste un groupe uni et homogène

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Depuis 2013, l’Adéma est membre de la majorité présidentielle aux côtés du RPM. Pourquoi ces deux partis présentent-ils chacun un candidat à l’élection de la mairie de district de Bamako ?

Le RPM voulait être tête de liste et l’Adéma voulait garder la mairie qu’elle gère depuis dix ans. La commission d’investiture de la majorité avait demandé que le candidat du RPM se retire parce que celui de l’Adéma avait plus d’atouts. Nous ne nous sommes pas entendus, donc chacun est parti de son côté.

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Regrettez-vous cette fracture de la majorité présidentielle à Bamako ?

Oui, je le regrette. Sincèrement, j’aurais préféré que la majorité ne se fissure pas. J’aurais aimé que nous restions ensemble pour que la mouvance présidentielle reste un groupe uni et homogène.

Quels sont les objectifs de l’Adéma dans les autres régions du Mali ?

Nous avons nos chances. Nous avons demandé à nos militants de faire en sorte que nos cadres locaux et régionaux soient candidats chez eux. Ils doivent se présenter pour consolider la base de notre parti à travers le pays.

Je souhaite que l’Adéma soutienne la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta

L’Adéma doit-elle présenter un candidat à la présidentielle de 2018 ou soutenir la probable candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta ?

Personnellement, je souhaite que l’Adéma soutienne la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta. Aujourd’hui, nous n’avons pas de candidat qui incarne suffisamment le consensus au sein de notre parti.

Il ne faut pas être candidat pour être candidat. Il faut être candidat pour rassembler et conduire l’ensemble de l’Adéma et des Maliens. Être candidat à la présidentielle au Mali dans le contexte actuel nécessite une grande réflexion. On ne peut pas se lever du jour au lendemain et dire qu’on est candidat. Nous devons renforcer nos acquis à la base : nous devons gagner des régions, obtenir beaucoup de députés aux prochaines législatives, et ensuite nous pourrons préparer sereinement la présidentielle de 2023.

Khalifa Sall, le maire de Dakar, est inculpé de détournement de fonds et incarcéré depuis le 7 mars en attendant son jugement. Quel est votre sentiment face à cette affaire impliquant le maire d’une autre grande capitale ouest-africaine ?

Khalifa Sall était le secrétaire général de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), dont je fais partie depuis 2007. Je n’ai pas la prétention de juger l’État sénégalais et de m’immiscer dans les affaires sénégalaises, mais il est tout de même important de réfléchir à la manière dont toute cette affaire a été mise au grand jour. Tout s’est déclenché quelques mois avant les élections législatives.

Au nom de la ville de Bamako et de l’AIMF, je me suis rendu à Dakar pour lui témoigner toute notre solidarité. Je continue à le faire et nous continuons à déplorer la situation réservée à Khalifa Sall.

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