Hugo Broos : « J’ai fixé une date butoir avec l’équipe nationale du Cameroun »

Son contrat avec les Lions indomptables prendra fin le 6 février 2018. Si la fédération camerounaise de football aimerait le voir prolonger sa mission jusqu’à la CAN 2019, le sélectionneur belge, à bout de patience, a fini par lancer un ultimatum à ses interlocuteurs…

Hugo Broos et les Lions indomptables le 5 février 2017 après leur victoire, à Libreville, au Gabon. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Hugo Broos et les Lions indomptables le 5 février 2017 après leur victoire, à Libreville, au Gabon. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 16 novembre 2017 Lecture : 4 minutes.

Jeune Afrique : Certaines de nos sources affirment que vous n’avez pas l’intention d’accepter le nouveau contrat de dix-huit mois qui vous a été proposé par le Cameroun…

Hugo Broos : Depuis le mois de mai, il existe un accord verbal pour que je prolonge mon engagement jusqu’au terme de la CAN 2019. Mais à ce jour, je n’ai rien signé. Personne n’est venu chez moi avec un contrat, personne ne m’a convoqué à Yaoundé pour me proposer d’en signer un. J’ai plusieurs fois demandé où en était le dossier mais personne ne me répond.

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Comment expliquez-vous ce long statu quo ?

Par la situation du football au Cameroun. Depuis que la fédération est pilotée par un comité de normalisation, lequel est chargé de préparer les prochaines élections, c’est le flou total. Tout est bloqué.

On m’a dit que les élections devraient avoir lieu en février prochain. Mais à quelle date précise ? On ne m’a pas répondu. Moi, j’attends des réponses. Je demande un peu de respect et de considération. Nous avons remporté la CAN 2017, je pense qu’on pourrait se comporter différemment avec moi.

Quelles sont vos relations avec Bidoung Mkpatt, le ministre des Sports ?

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Elles sont bonnes. Je sais qu’il voudrait que je reste, mais il ne décide pas de tout. De tous côtés, il est bloqué.

Si rien ne bouge, j’annoncerai officiellement mon départ

Nous avons reçu des informations concernant un courrier que vous auriez adressé à Bidoung Mkpatt avant le match en Zambie (2-2, le 11 novembre) pour lui annoncer votre intention de ne pas prolonger…

Ce courrier, finalement, n’a pas été expédié. Le ministre voulait me voir d’urgence au retour de Zambie, avant mon départ en Belgique. Je l’ai écouté, il m’a écouté. Je lui ai dit que cette situation ne pouvait plus durer, et j’ai fixé une date butoir à nos discussions. Si à cette échéance rien n’a bougé, j’annoncerai officiellement que je ne prolonge pas mon contrat. Et ce sera définitif.

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Quelle est cette date ?

(Rires) Je ne peux pas vous la donner mais c’est pour très bientôt. Par ailleurs, je suis aujourd’hui ouvert à toutes les propositions intéressantes qui pourraient se présenter. Je suis un professionnel, un compétiteur, et je veux savoir où je vais.

Aujourd’hui, je suis en Belgique. Mais je vais continuer à travailler pour le Cameroun puisque je suis sous contrat – c’est-à-dire observer des matches, suivre les joueurs… Et cela jusqu’à la date butoir que j’ai fixée au ministre. Si, ce jour-là, il n’y a rien, on envisagera peut-être une rupture à l’amiable. On verra.

Certains vont penser que vous agissez ainsi pour faire de la surenchère…

Ce n’est pas du tout le cas. Ce que je veux, c’est du respect, un peu de gratitude… et une réponse. Aujourd’hui, je me sens abandonné.

Les Camerounais vous doivent aussi beaucoup d’argent – environ quatre mois de salaire et des dizaines de milliers d’euros de frais…

Vous savez, il est rare en Afrique que votre salaire tombe le 5 du mois. Mais ce n’est pas toujours évident de faire avec, comme je l’ai dit au ministre. L’aspect financier n’est pas forcément ma priorité, mais c’est un argument de poids malgré tout.

Honnêtement, s’il ne s’agissait que d’argent et de salaires, je serais parti depuis longtemps ! Cela étant, j’attends des réponses et des actes. On me propose un nouveau contrat alors qu’on me doit toujours de l’argent, ainsi qu’à mon staff…

Au Cameroun, certaines personnes ne veulent pas que du bien à la sélection

Vous avez aussi été attaqué dans la presse camerounaise, qui évoque votre implication dans une affaire de corruption…

(Il coupe) Oui, il paraît que je suis corrompu et que je sélectionne certains joueurs afin de toucher de l’argent. Eh bien, si c’était le cas, je serais riche ! Ces attaques sont minables, c’est de la pure calomnie. Il y a des gens qui écrivent des choses fantaisistes dans les journaux, et on vient ensuite vous demander de prouver votre innocence. Au Cameroun, certaines personnes ne veulent pas que du bien à la sélection…

Vos relations avec certains joueurs sont compliquées. André Onana, le gardien de l’Ajax Amsterdam, ou Karl Toko-Ekambi, l’attaquant d’Angers, ont déclaré que vous ne vouliez plus les sélectionner. Qu’en est-il ?

(Il s’énerve) Mensonges ! Ce sont eux qui, à un moment, ont envoyé à certaines personnes des messages sur WhatsApp affirmant qu’ils ne voulaient plus jouer pour le Cameroun. J’ai pu voir ces messages, qu’ils ont ensuite effacé.

Vous semblez amer…

Après avoir remporté une CAN, on s’attend à davantage de considération. Or cela fait plusieurs mois que rien ne bouge.

Je ne peux plus me permettre d’attendre jusqu’à l’élection du nouveau président de la fédération. Imaginez que celui-ci, une fois en poste, déclare : « On ne veut plus travailler avec Hugo Broos. » Vous comprenez pourquoi j’ai fixé une date limite ?

Je suis ouvert aux propositions de clubs ou de sélections. Je veux savoir où je vais.

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