Crash de Charm el-Cheikh : un non-lieu prononcé, 14 ans après

Près de 14 ans après le crash d’un Boeing 737 qui s’était abîmé au large de Charm el-Cheikh en Égypte, faisant 148 morts dont 134 Français, le juge français en charge de l’enquête a ordonné un non-lieu, a-t-on appris ce lundi.

Au total, le drame survenu en 2004  a coûté la vie à 148 personnes dont 134 Français © Petros Karadjias/AP/SIPA

Au total, le drame survenu en 2004 a coûté la vie à 148 personnes dont 134 Français © Petros Karadjias/AP/SIPA

Publié le 13 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Le juge de Bobigny, chargé de l’enquête, a finalement tranché. Quatorze ans après le crash de 2004, il a ordonné un non-lieu dans l’enquête. « Une ordonnance de non-lieu a été rendue le 11 juillet, mais nous avons fait appel », a précisé à l’AFP Me Jean-Pierre Bellecave, l’un des avocats de l’association des familles de victimes. Une information confirmée par le parquet de Bobigny.

Faute de pilotage

Avec cette décision rendue publique ce lundi, le juge français a donc suivi les réquisitions du parquet, qui avait demandé le non-lieu en janvier 2016, estimant que l’enquête ne permettait pas de « retenir d’autre hypothèse que celle des fautes imputables à l’équipe de pilotage », décédée dans l’accident de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines.

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Le parquet avait ainsi pointé du doigt de « nombreux manquements », des « calculs approximatifs » et des « analyses sommaires entraînant de mauvaises décisions » de la part des pilotes.

Le 3 janvier 2004, l’appareil de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines s’était abîmé trois minutes après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, alors qu’il faisait route vers Paris.

L’enquête judiciaire pour « homicides involontaires » avait été ouverte le jour de la catastrophe. Elle avait donné lieu à 37 tomes de procédure, sans qu’aucune mise en examen ne soit prononcée.

Pour Me Bellecave, qui estime que l’enquête doit se poursuivre et qu’un procès doit avoir lieu, « il n’y a pas eu de mesure d’instruction contre les dirigeants en Égypte, alors qu’il était établi que cette compagnie avait commis un certain nombre de manquements ». L’avocat reproche à la justice française d’avoir « laissé dormir le dossier ».

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Une action judiciaire est en cours au civil pour « mauvais fonctionnement du service public de la justice », a déclaré l’avocat. Son confrère Me Gérard Montigny, qui représente lui aussi l’association des familles de victimes, estime de son côté que « les magistrats sont dans une situation de paralysie », « les Égyptiens n’ayant pas coopéré ».

Un rapport de 2009 mettait en cause la compagnie

En 2009, un rapport d’experts avait souligné l’insuffisance de la formation des pilotes et dénoncé les « manquements » de la compagnie. La formation du pilote n’aurait pas respecté les normes en vigueur et son « expérience précédente et sa courte formation en ligne ne permettaient pas un lâcher immédiat dans la fonction de commandant de bord », estimaient les quatre auteurs du document, dont un ingénieur en aéronautique.

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Les experts avaient aussi relevé la « fatigue » due au temps de service des deux pilotes lors des deux semaines précédant le crash. Les équipes égyptiennes et françaises intervenues sur les lieux du drame n’avaient pu remonter tous les corps à la surface. Seulement 83 dépouilles ont été rapatriées en France pour y être inhumées.

Les boîtes noires ainsi que des fragments de l’avion avaient été repêchés. Si la thèse des enquêteurs français fait état d’une erreur de pilotage à l’origine du drame, les enquêteurs égyptiens, pointent du doigt une défaillance du pilote automatique.

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