Maîtrise de l’anglais : l’Afrique fait une timide entrée dans l’index Education First

Pour la première fois, l’index Education First, qui classe les pays selon leur niveau d’anglais, s’intéresse à l’Afrique, même si tous les pays sont loin d’y avoir une place. L’Afrique du Sud et le Nigeria se distinguent sans surprise, tandis que l’Angola, le Cameroun et les pays du Maghreb sont en queue de classement.

Une école de Hafia quartier Peul de Conakry. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Une école de Hafia quartier Peul de Conakry. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

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Publié le 20 novembre 2017 Lecture : 4 minutes.

Pour la septième fois, Education First , société suisse spécialisée dans la formation linguistique, vient de publier son index, qui classe les pays qui n’ont pas l’anglais comme langue maternelle en fonction des compétences de leurs ressortissants dans cette langue – qui peut être langue officielle de l’État.

Langue du commerce, de la science, des affaires et de la diplomatie, l’anglais n’a en effet « jamais été aussi indispensable à la communication internationale », note l’entreprise, qui plaide pour approche de l’apprentissage différenciée, adaptée aux différents publics.

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Nouveauté du cru 2017, l’Afrique y est analysée en tant région distincte, grâce à l’arrivée de l’Angola, du Cameroun, du Nigeria et de l’Afrique du Sud parmi les pays étudiés – même si l’analyse y reste très partielle : seuls neufs pays, sur les 54 que compte le continent, y figurent« Nous espérons que davantage d’Africains participeront à la recherche EF EPI en 2018 et donneront ainsi une image plus précise des compétences en anglais du continent », avance EF.

Des tests réalisés sur la base du volontariat

Pour réaliser son index, la société Education First se base sur des tests standardisés, réalisés dans les différents pays sur la base du volontariat. Un pays est inclus dans l’indice à partir du moment où au moins 400 de ses ressortissants se sont soumis à ces tests, même si la société précise que « dans la plupart des cas, le nombre de candidats était bien supérieur » : l’indice se base en effet sur les résultats de plus d’un million de personnes.

« Nous avons conscience du fait que la population ayant passé les tests et représentée dans cet indice découle d’une autosélection et ne présente aucune garantie quant à la représentativité de l’ensemble du pays. Seules les personnes désireuses d’apprendre l’anglais ou souhaitant connaître leur niveau d’anglais ont participé à l’un de ces tests » concède Education First.

Un écart au profit des femmes

De plus, alors que la société insiste sur la gratuité de ses tests disponibles en ligne, elle précise que « les personnes sans accès internet sont exclues ». Or, selon les chiffres publiés par la Banque mondiale, moins de 20 % des ressortissants d’Afrique subsaharienne utilisaient internet en 2016.

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En Afrique, cette méthodologie pose particulièrement question quant à l’écart entre les sexes. En effet, l’indice Education First fait de l’Afrique la région du monde où l’écart entre les sexes est le plus important, au profit des femmes. Or, l’Afrique subsaharienne concentre neuf des dix pays les moins bien notés par l’ONG ONE sur l’accès des filles à l’éducation – bien qu’aucun de ceux-ci ne soit comptabilisé dans l’index…

Le paradoxe nigerian

Sans surprise, l’Afrique du Sud et le Nigeria, pour lesquels l’anglais fait partie des langues officielles, tirent leur épingle du jeu. 8e des 80 pays étudiés, l’Afrique du Sud apparaît dans les liste des États dotés de « compétences très élevées ».

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Ses ressortissants peuvent donc utiliser des propos nuancés, lire aisément des textes de niveau avancé ou encore négocier un contrat avec un anglophone. Les auteurs de l’index se félicitent notamment de la politique linguistique que les universités de Stellenbosch et Pretoria ont adopté en juin 2016, accordant plus de place à l’anglais, au détriment de l’afrikaans.

Bien qu’ayant l’anglais comme seule langue officielle, utilisée dans le système scolaire public (et gratuit), le Nigeria ne figure qu’au rang des pays avec des « compétences modérées », correspondant à des capacités à participer à des réunions dans son domaine de spécialisation, à comprendre les paroles d’une chanson ou encore à écrire des courriels professionnels sur des sujets familiers.

Ce résultat, que les auteurs du classement qualifient d’« étonnant », témoigne selon eux à la fois « de la diversité linguistique du Nigeria » et « des insuffisances de son système éducatif ».

Cependant, sa 31e  place est loin d’être déshonorante : le pays talonne Hong-Kong (29e) et la Corée du Sud (30e), mais devance la France (32e) et l’Italie (33e).

L’Afrique du Nord à la traîne

Les analystes d’Education First notent que si ces deux pays considèrent l’anglais « comme un pont, d’une valeur inestimable, entre les groupes ethniques et linguistiques », il n’en va pas de même dans les pays « ayant des liens coloniaux avec une langue autre que l’anglais », où « les décideurs ont souvent tardé à reconnaître l’importance de l’anglais en tant que langue mondiale et à ajuster les programmes d’études en conséquence ».

Les pays d’Afrique du Nord sont tous présents dans le classement, mais il figurent à des positions peu enviables. En 56position, parmi les pays aux compétences « faibles », la Tunisie est celle qui s’en sort le mieux.

Les participants aux tests se sont révélés capables d’« explorer en tant que touriste un pays d’expression anglaise, [de] discuter avec des collègues ou de comprendre des courriels simples ».

Le Maroc (60), l’Égypte (66), l’Angola (73), le Cameroun (75) et l’Algérie (76) pointent tous au dernier rang, celui des compétences les plus faibles : se présenter simplement (nom, âge, pays d’origine), comprendre des signes simples ou donner des instructions de base à un visiteur étranger.

Le score est particulièrement surprenant pour le Cameroun, qui compte deux régions anglophones. Ce paradoxe pourrait s’expliquer par la méthodologie employée par Education First, qui ne permet de donner qu’une vision partielle de la situation (lire ci-dessous).

Un mauvais score contrebalancé par les performances des 18-20 ans

Si les pays d’Afrique du Nord, le Cameroun et l’Angola sont en queue de classement, l’analyse par tranche d’âge d’Education First est plus encourageante. En effet, si à l’échelle mondiale, les moins de 25 ans ont obtenu de meilleurs résultats que les personnes âgées de 26 ans et plus, cette différence est encore plus sensible en Afrique.

Mieux : les résultats des jeunes Africains de 18 à 20 ans dépassent légèrement ceux de leurs pairs mondiaux. De quoi faire espérer de meilleurs places lors des prochains classements…

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