Peine de mort pour blasphème réduite à 2 ans de prison en Mauritanie : Cour suprême saisie, protestations dispersées

Le parquet mauritanien s’est pourvu en cassation contre la peine de deux ans de prison prononcée en appel envers un jeune homme auparavant condamné à mort pour un billet de blog jugé blasphématoire. Un verdict qui a provoqué des manifestations de protestation vendredi à Nouakchott.

Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, blogueur mauritanien, était incarcéré depuis 2014. © DR / Human Rights Watch

Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, blogueur mauritanien, était incarcéré depuis 2014. © DR / Human Rights Watch

Publié le 10 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

À la suite de la décision rendue par la Cour d’appel de Nouadhibou jeudi, « le parquet a immédiatement fait un recours en cassation devant la Cour suprême », indique le parquet général du tribunal de Nouadhibou dans un communiqué vendredi.

Ce pourvoi n’est pas suspensif de la remise en liberté de l’accusé, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, en prison depuis quatre ans déjà. Il est introduit « en vue d’une application saine et rigoureuse de la loi », la décision de la Cour d’appel étant contraire aux réquisitions du procureur qui avait demandé la confirmation de la peine capitale, selon le texte.

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Le parquet général souligne aussi que « le pouvoir judiciaire est la seule autorité compétente pour trancher juridiquement les affaires portées devant la justice ».

Le prévenu, un musulman âgé d’une trentaine d’années, en détention depuis janvier 2014 pour un article sur internet taxé de blasphème envers le prophète de l’islam, avait été initialement reconnu coupable d’apostasie. Il avait été condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou.

« Au secours de notre prophète »

L’annonce du verdict jeudi avait été couverte par le brouhaha de partisans d’une nouvelle condamnation à mort. Répondant à des appels sur les réseaux sociaux pour faire de vendredi un jour de « la colère », des fidèles ont tenté de se rassembler dans plusieurs endroits de la capitale. C’est le cas notamment à proximité de la mosquée centrale, où la prière s’est déroulée sous haute surveillance policière.

Les manifestants portaient des pancartes et criaient des slogans appelant à la « reprise du procès du blasphémateur » et à sa condamnation à mort. « Au secours de notre prophète », « Condamnez le criminel à mort », « La potence, pas la liberté », pouvait-on notamment lire sur les pancartes.

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Ils ont tenté de marcher sur le siège de la présidence de la République, mais en ont dispersés par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques et procédé à des interpellations.

Deux heures après le début des manifestations, des escarmouches avaient toujours lieu entre manifestants et policiers dans le centre de la ville.

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Première condamnation pour « apostasie » en Mauritanie

Le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort mais en requalifiant les faits en « mécréance », une accusation moins lourde prenant en compte le repentir de l’accusé, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême. Celle-ci avait ordonné un nouveau procès devant une Cour d’appel autrement composée.

La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire est le premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays. Elle a soulevé une vague d’inquiétude des organisations de défense des droits de l’homme.

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