Gambie : lancement d’une campagne pour juger Yahya Jammeh

Des victimes de Yahya Jammeh, soutenues par des ONG gambiennes et internationales, se sont réunies du 19 au 21 octobre à Banjul pour réfléchir au meilleur moyen de traduire l’ex-président gambien en justice pour les crimes commis par son régime.

Dernier meeting de l’ancien chef de l’État Yahya Jammeh, à Banjul, le 29 novembre 2016. © BANGALY TOURE POUR JA

Dernier meeting de l’ancien chef de l’État Yahya Jammeh, à Banjul, le 29 novembre 2016. © BANGALY TOURE POUR JA

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Publié le 23 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Inspirées par la bataille juridique qui a permis aux victimes tchadiennes de faire juger l’ancien président Hissène Habré, condamné à la perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires de Dakar, plusieurs victimes gambiennes entendent aujourd’hui obtenir justice pour les crimes qu’elles ont subi sous le régime de Yahya Jammeh, de 1994 à 2017. Du 19 au 21 octobre, des dizaines d’entre elles se sont réunies à Banjul avec plusieurs ONG gambiennes et internationales de défense des droits humains avec un objectif : parvenir à juger l’ancien président gambien, exilé en Guinée équatoriale depuis qu’il a quitté le pouvoir en janvier dernier.

Parmi ces victimes figuraient notamment Fatima Sandeng, la fille de l’opposant Solo Sandeng, mort en détention en avril 2016, Aïcha Jammeh, une nièce de Yahya Jammeh dont le père, cousin de l’ex-président, a disparu en 2005, ou encore Baba Haïdara, le fils de Deyda Haïdara, journaliste assassiné en 2005.

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Tous sont aujourd’hui membres du Centre gambien pour les victimes de violations des droits humains, la principales association de victimes du régime Jammeh, qui regroupe environ 400 personnes.

Une « vraie soif de justice » en Gambie

Plusieurs ONG internationales étaient également présentes pour accompagner ces victimes dans leur quête de justice, comme Human rights watch (HRW), Article 19, ou encore Trial international, organisation suisse impliquée dans la procédure judiciaire en cours contre Ousman Sonko, ex-ministre de l’Intérieur de Jammeh arrêté près de Berne fin janvier.

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Equatorial Guinea justice (EG justice), la principale ONG équato-guinéenne de défense des droits humains, était également représentée à Banjul par son président Tutu Alicante. Ses propos très offensifs contre le pouvoir de Teodoro Obiang Nguema, qui accueille Yahya Jammeh à Malabo depuis neuf mois, ont été vivement salués par l’auditoire. « Les choses commencent à ce concrétiser, se félicite Reed Brody, avocat américain de HRW. Il y a une vraie soif de justice en Gambie, c’est donc très positif pour la suite. »

Pour les victimes de Yahya Jammeh, la prochaine étape est désormais de constituer un dossier prouvant la responsabilité personnelle de l’ex-président dans les crimes perpétrés par son régime. Conscients qu’ils ne parviendront à rien sans faire céder les autorités équato-guinéennes, elles entendent également lancer une campagne de sensibilisation auprès de différentes instances régionales et continentales, comme la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ou l’Union africaine (UA), pour augmenter la pression sur Malabo.

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