Tanzanie : vers un accord entre Acacia Mining et le gouvernement ?

Un accord se dessine entre le gouvernement tanzanien et Barrick Gold au sujet du méga-redressement fiscal de Acacia Mining, la filiale locale du premier producteur d’or mondial.

La mine de Buzwagi en Tanzanie © Acacia Mining

La mine de Buzwagi en Tanzanie © Acacia Mining

Publié le 20 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Le plus grand producteur mondial d’or Barrick Gold a annoncé lors d’une conférence de presse qu’Acacia Mining Plc, sa filiale en Tanzanie, acceptait de payer 300 millions d’euros au gouvernement, et de partager avec lui les futurs bénéfices de ses opérations minières dans le pays, rapporte Bloomberg.

Cet accord est censé clore le litige avec le gouvernement tanzanien, qui a infligé à Acacia un redressement fiscal record de 190 milliards de dollars.

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Le paiement proposé est « un signe de bonne foi », a déclaré jeudi devant la presse le président exécutif de Barrick Gold John Thornton, au sortir d’une réunion de six heures avec le président tanzanien John Magufuli.

Dans la foulée, Barrick a précisé dans un communiqué que sa filiale acceptait d’effectuer un paiement de 300 millions d’euros et a redit qu’il acceptait de former avec le gouvernement un groupe de travail pour résoudre les questions en suspens sur les réclamations fiscales, et notamment sur les modalités du paiement.

Création d’une nouvelle entité

Le nouvel accord proposé comprend la création d’une entreprise minière tanzanienne afin de gérer les trois mines principales d’Acacia, et prévoit que le gouvernement prendra part aux décisions concernant les opérations, les investissements, la planification, les achats et la commercialisation, a fait savoir Barrick dans un second communiqué.

Les bénéfices seraient partagés à égalité entre la nouvelle entité et la Tanzanie, et les parts du gouvernement seraient versées sous formes de redevances, taxes et d’un intérêt de 16% dans les opérations du groupe.

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Ces propositions doivent encore être étudiées et approuvées par le conseil d’administration et les actionnaires d’Acacia, a précisé Barrick.

Financement de projets d’infrastructure

Le Ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles, Palamagamba Kabudi, a ajouté que les deux parties s’étaient également entendues sur d’autres points, parmi lesquels la présence de représentants de l’État au conseil d’administration de l’entreprise et dans toutes ses mines, l’embauche à plein temps de personnels tanzaniens, l’établissement de la direction des opération à Mwanza, et la conservation par Acacia de toutes les liquidités générées par ses mines dans des comptes à l’intérieur du pays.

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L’argent versé par Acacia servira à financer des projets d’infrastructures en Tanzanie, a précisé Magufuli.

Sortir de l’impasse

Acacia Mining, filiale du géant canadien Barrick Gold, numéro un mondial du secteur aurifère, se trouve dans une impasse en Tanzanie. Depuis fin juillet, le groupe ne parvient pas à trouver un terrain d’entente avec le gouvernement de ce pays, qui lui a infligé le plus grand redressement fiscal de tous les temps : pas moins de 190 milliards de dollars (159 milliards d’euros), dont 40 milliards de dollars d’impôts impayés sur des exportations dissimulées, et 150 milliards de pénalités de retard. Une somme qui représente quatre fois le PIB du pays, et que la plupart des observateurs jugent fantaisiste.

Depuis une vingtaine d’années, la direction générale de Barrick Gold ne fait pas mystère de son souhait de quitter l’Afrique et plus précisément le seul pays où le groupe produit, la Tanzanie. Le continent est jugé trop risqué par la direction générale, menée actuellement par Kelvin Dushnisky. Le patron de la compagnie veut concentrer ses efforts sur le développement de ses exploitations américaines, qui représentent déjà plus de 70 % de sa production annuelle avec 165 tonnes d’or.

La création d’Acacia Mining en 2000, sous la forme d’un spin-off, correspondait à cette stratégie de désengagement, mais Barrick n’a, depuis lors, jamais réussi à trouver un acheteur pour les 63,9 % du capital.

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