Nigeria : le leader indépendantiste biafrais Nnamdi Kanu introuvable à la veille de son procès

Où est passé Nnamdi Kanu, le leader indépendantiste pro-Biafra ? Il n’est pas réapparu en public depuis l’assaut donné par l’armée sur sa maison il y a un mois, alors que son procès pour trahison envers l’État du Nigeria doit s’ouvrir le 17 octobre.

Nnamdi Kanu devant la justice nigériane en janvier 2016. © AP Photo/AP/SIPA

Nnamdi Kanu devant la justice nigériane en janvier 2016. © AP Photo/AP/SIPA

Publié le 16 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

La disparition mystérieuse de Nnamdi Kanu fait craindre de nouvelles flambées de violences dans le sud-est du Nigeria, 50 ans après la terrible guerre civile qui avait suivi la déclaration d’indépendance du Biafra en 1967. Libéré sous caution en avril après un an et demi de détention, le chef du Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB) est censé comparaître ces prochains jours devant les juges d’Abuja, la capitale, pour trahison et atteinte à la sécurité de l’État. Mais en l’absence de l’accusé, personne ne sait si le procès pourra avoir lieu.

À Umuahia, ex-capitale de l’éphémère république biafraise où Nnamdi Kanu a passé son enfance, les vitres de la bâtisse familiale ont été soufflées. Les murs ocres et les voitures garées devant le bâtiment sont criblés d’impacts de balle. Prince Emmanuel Kanu, son frère cadet, affirme qu’il était présent lorsque les soldats ont attaqué la maison le 14 septembre et ont tué 28 personnes, un bilan démenti par l’armée. Il assure que son frère est détenu au secret par les militaires mais le gouvernement a balayé ces accusations et assure qu’il se cache quelque part.

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L’IPOB a été déclarée « organisation terroriste » mi-septembre après de violents affrontements entre forces de l’ordre et indépendantistes, accusés d’avoir attaqué des postes de contrôles militaires à Umuahia, et dans la ville pétrolière de Port Harcourt, dans l’État de Rivers.

Ces violences, accompagnées d’un couvre-feu ont eu lieu au moment où l’armée déployait massivement des troupes dans la région, officiellement dans le cadre de l’opération Python Dance, destinée à lutter contre la criminalité. L’IPOB dénonce toutefois une répression sanglante ciblée et maintient que ses militants n’étaient pas armés.

Rumeurs

Le sentiment d’exclusion reste fort chez les Igbos majoritaires dans le sud-est, un demi-siècle après le déclenchement de la guerre civile (1967-1970) qui a fait plus d’un million de morts, principalement de maladies et de famine.

Le charismatique Nnamdi Kanu a su capitaliser sur ces frustrations depuis la fondation de l’IPOB en 2013, notamment durant ses 18 mois de détention. Depuis sa libération sous caution, il n’avait cessé de haranguer les foules, jusqu’à sa disparition. Nnamdi Kanu réclame un référendum d’autodétermination pour le Biafra et a appelé ses partisans à boycotter toutes les élections à venir.

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Pour l’heure, d’innombrables rumeurs circulent sur l’endroit où il se trouve. Un ancien gouverneur de l’État d’Abia a affirmé que Kanu, qui possède la double nationalité, a fui en Angleterre mais l’ambassade britannique a réfuté ces allégations.

Son avocat, Ifeanyi Ejiofor, affirme que « seule l’armée peut nous dire où il est. Soit ils l’ont arrêté soit ils l’ont tué. S’il est vivant, ils devraient le présenter devant le tribunal mardi », le 17 octobre donc.

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Le porte-parole du ministre de la Justice, Salihu Othman Isah, estime que la tenue du procès dépendra de la présence ou non de l’accusé devant les juges. « Je ne peux pas vous dire précisément ce qui va se passer » si Nnamdi Kanu est aux abonnés absents, a-t-il déclaré.

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