Tunisie : une enseignante humiliée par des parents d’élèves l’accusant de mécréance

Dans la ville de Sfax, une institutrice a été humiliée vendredi dernier par des parents d’élèves qui l’accusent de dénigrer les préceptes de l’islam dans sa classe. La société civile met en garde contre les dérives des gardiens de la morale dans le pays.

Une école à Djerba en Tunisie (image d’illustration). © Olivier Cabaret/Flickr Commons

Une école à Djerba en Tunisie (image d’illustration). © Olivier Cabaret/Flickr Commons

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 19 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

La scène est surréaliste. Une enseignante dans une école primaire de la ville de Sfax se fait invectiver par des parents d’élèves qui veulent la chasser de l’école. Ils l’accusent de « mécréance » et demandent son renvoi immédiat au prétexte qu’elle exercerait « une mauvaise influence » sur leurs enfants.

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Vendredi 15 septembre, Faiza Souissi, enseignante à l’école Okba Ibn Nafie dans le quartier El Bahri à Sfax, a été prise à partie par un groupe de parents d’élèves qui se sont présentés à son école afin de dénoncer « ses agissements hostiles à la religion ». « Ils m’ont accusée d’avoir déchiré le Coran en plein cours et d’avoir fermé les fenêtres de ma classe au moment de l’appel à la prière du vendredi », raconte-t-elle aux journalistes venus l’interviewer (vidéo ci-dessous).

Se défendant d’avoir commis de tels actes, l’institutrice a expliqué qu’elle avait toujours enseigné à ses élèves les valeurs de citoyenneté et l’égalité entre les filles et les garçons. « Certains élèves venaient me dire que leurs parents ne voulaient pas que les filles s’assoient à côté des garçons. Imaginons cela dans une Tunisie où la mixité est un droit consacré », s’indigne-t-elle.

Ce vendredi, pour la protéger de la foule en colère, la direction de l’école a dû faire appel à la police pour escorter l’enseignante jusqu’à son domicile.

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La section locale de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) a qualifié cette atteinte à l’intégrité de l’enseignante d’acte criminel. Dans un communiqué, elle a tiré l’alarme sur ces « graves agissements » commis au nom de la religion et qui tendent à se multiplier, menacent les libertés en Tunisie.  » Il est plus qu’urgent que les autorités interviennent pour assurer la sécurité de cette institutrice ».

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Dimanche 17 septembre, un groupe de militants associatifs de la ville de Sfax a rencontré l’enseignante pour l’assurer de son soutien.

Le même jour, le Ministère de l’Éducation nationale tunisien a publié un communiqué condamnant le harcèlement subi par un membre du corps enseignant dans l’exercice de ses fonctions. Il a qualifié d’inadmissible ce qui s’est passé et annoncé l’ouverture d’une enquête.

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