Congo-Brazzaville : Gunvor, le Kremlin, le pétrole et la corruption

Dans une enquête intitulée « Gunvor au Congo, Pétrole, cash et détournements : les aventures d’un négociant suisse à Brazzaville », l’ONG Public Eye détaille le système de corruption qu’aurait mis en place le négociant de matière première Gunvor en République du Congo.

Vue d’une raffinerie de pétrole. © Dirk Ingo Franke/CC/Flickr

Vue d’une raffinerie de pétrole. © Dirk Ingo Franke/CC/Flickr

Publié le 12 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

« Entre septembre 2010 et juin 2012, Gunvor a obtenu du Congo, sans appel d’offres, le droit d’exporter 22 cargos de brut d’une valeur d’environ 2,2 milliards de dollars », constate l’ONG Public Eye dans une enquête menée pendant deux ans et intitulée « Gunvor au Congo, Pétrole, cash et détournements : les aventures d’un négociant suisse à Brazzaville ».

Pour obtenir ce contrat, Gunvor aurait promis six préfinancements – gagés sur de futures livraisons de pétrole – de 125 millions d’euros chacun à la Société nationale des pétroles congolais (SNPC).

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Préfinancements et soutien russe

Le négociant de matière première, dont le fondateur est un proche de Vladimir Poutine, aurait également garanti au Congo la signature, avec la Russie, d’accords de coopération économique ainsi que le soutien du Kremlin sur la scène internationale. Enfin, il aurait versé d’importantes sommes d’argent (31,9 millions de dollars) à des intermédiaires suspectés d’avoir corrompu des agents publics congolais.

Normalement destinés au développement des infrastructures pétrolières, les préfinancements octroyés au pays par Gunvor auraient servi à financer des marchés publics « d’une valeur de plus d’un milliard de dollars, dont l’octroi a donné lieu à de nombreux paiements suspects »,  affirme l’ONG.

Ces marchés publics ont été remportés en partie par la société brésilienne de construction Asperbras, « pour des prix parfois dix fois plus élevés que ceux pratiqués dans d’autres pays africains », selon le rapport, grâce à l’aide de Gunvor qui aurait perçu des commissions pour ses services.

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Le fils du président épinglé

Selon l’ONG, Denis Christel Sassou Nguesso, le fils du président Denis Sassou Nguesso, responsable des ventes de pétrole de l’État, serait au cœur de ce système, qui a déjà donné lieu à l’ouverture de quatre procédures judiciaires en Suisse. L’ONG s’est ainsi procuré une vidéo où un homme, qui se présente comme un proche de Denis Christel Sassou Nguesso, se plaint à un représentant de Gunvor que le fils du président ne touche pas suffisamment d’argent en échange de son influence.

 Le Congo est un État souverain qui peut donc légitimement choisir ses partenaires

Contacté par Public Eye, le fils du président congolais a déclaré que « le Congo est un État souverain qui peut donc légitimement choisir ses partenaires, comme le font tous les pays » et que tout « s’est fait en toute transparence et en toute légalité ». Contacté par le journal en ligne Mediapart, qui a co-produit le rapport, Gunvor a déclaré ne pas vouloir faire de commentaires, arguant qu’une procédure judiciaire était en cours.

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