RDC : la milice Bana Mura plus féroce que les Kamuina Nsapu dans le Kasaï, selon l’ONU

Dans un rapport publié vendredi 4 août à Genève, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme pointe la milice Bana Mura comme étant responsable d’une série d’attaques, ayant entraîné la mort d’au moins 150 personnes au Kasaï, dans le centre du pays. Le document fait également état de 251 exécutions sommaires. Kinshasa dément.

Une femme mutilée par des milices au Kasaï et réfugiée en Angola. © AP/SIPA

Une femme mutilée par des milices au Kasaï et réfugiée en Angola. © AP/SIPA

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Publié le 4 août 2017 Lecture : 2 minutes.

« Il n’existe pas de milice Bana Mura au Kasaï. C’est faux et archi-faux ! » jure Emmanuel Ramazani Shadary. Joint au téléphone par Jeune Afrique, le vice-Premier ministre et ministre congolais de l’Intérieur et de la Sécurité rejette en bloc les conclusions du rapport de 20 pages, annexes comprises, rendu publique ce vendredi 4 août par le bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. « Ce sont des accusations infondées de ceux qui veulent nuire au régime en place à Kinshasa », soutient-il. De quoi s’agit-il ?

Du 13 au 23 juin, une équipe onusienne a été dépêché en Angola où elle a pu recueillir les témoignages des réfugiés congolais. Ces derniers ont fui les exactions en cours dans les provinces du Grand Kasaï, dans le centre du pays. À l’issue des entretiens, les experts de l’ONU sur le terrain ont pu « confirmer des violations et abus des droits de l’Homme contre 282 victimes, dont 113 femmes et 68 enfants », perpétrées entre le 12 mars et le 19 juin 2017.

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Qui est responsables des tueries dans le Kasaï ?

Ce décompte macabre comprend « l’exécution sommaire ou extrajudiciaire de 251 personnes, des mutilations et autres blessures à l’encontre de 17 personnes, 9 enlèvements, 4 viols et 1 cas d’arrestation arbitraire », détaille le rapport

Selon le Haut-commissariat des droits de l’Homme, dans la période considérée, c’est la milice pro-gouvernementale Bana Mura qui détient la palme de férocité dans le Kasaï. Elle aurait tué plus de victimes – 150 au total – que les miliciens Kamuina Nsapu et les Forces armées de la RDC (FARDC) réunies.

Que sait-on de la milice Bana Mura ?

Le rapport explique que « c’est au cours des premiers mois de l’année 2017 » que la milice Bana Mura s’est créée. Une dénomination qui peut prêter à confusion dans le reste du pays. Dans l’imaginaire collectif en RDC en effet, « Bana Mura » fait référence aux éléments de la Garde républicaine, chargés de la sécurité du président Joseph Kabila.

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« On ne sait pas encore si, à Genève, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme met toutes les milices pro-gouvernementales actives au Kasaï sous la bannière Bana Mura », s’interroge un chercheur qui suit de près les questions sécuritaires en RDC. « Est-ce que ce sont ces miliciens qui s’auto-identifient comme tels ou est-ce la population locale qui les identifie ainsi ? Ce n’est pas encore très clair », questionne encore l’expert.

D’après l’ONU, la milice aurait mené des attaques de village encadrées par des autorités civiles et militaires locales

Toujours est-il que, selon l’ONU, cette milice serait composée de membres des groupes ethniques tchokwe, pende et tetela. Sous la houlette des chefs traditionnels et des forces de sécurité locales (FARDC, Agence nationale de renseignement, police, Direction générale de la migration), elle « a mené des attaques de villages apparemment bien planifiées, soit pour lutter contre les Kamuina Nsapu, soit pour tuer les Luba et Lulua » considérés comme complices des miliciens anti-gouvernementaux, poursuit l’instance dans son rapport. De quoi donner une connotation ethnique à la crise sécuritaire en cours dans le Kasaï.

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On apprend également dans le document publié vendredi que les attaques de cette milice pro-gouvernementale a ciblé les villages de Cing, Kanpotopoto, Kasandje, Mwakaanga et Tshitundu, dans le territoire de Kamonia. Des assauts qui auraient été encadrés par des « autorités civiles et militaires locales », selon des témoins interrogés par l’équipe onusienne.

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