Maroc : trois médias prennent un carton jaune pour leur couverture des manifestations dans le Rif

Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle vient de sanctionner deux chaînes, SNRT et Medi1TV, pour avoir diffusé des images trompeuses sur les contestations en cours dans le Rif. Il a aussi estimé que Med Radio avait tenu des propos portant atteinte à la dignité des manifestants.

Un manifestant agite un drapeau berbère, entouré de policiers, lors des manifestations à Al Hoceïma le 20 juillet 2017. © Therese Di Campo/AP/SIPA

Un manifestant agite un drapeau berbère, entouré de policiers, lors des manifestations à Al Hoceïma le 20 juillet 2017. © Therese Di Campo/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 24 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) a adressé un avertissement au groupe audiovisuel public SNRT,ainsi qu’à une chaîne privée, Médi1TV, et à une radio privée, Med Radio, au sujet de leur couverture des manifestations qui agitent la province d’El Hoceima depuis plus de huit mois.

Les 27 et 28 mai, SNRT et Médi1TV ont montré des images d’affrontements entre des groupes de jeunes et des forces de l’ordre pour illustrer la lecture d’un communiqué du procureur général de la Cour d’appel d’Al Hoceima concernant l’arrestation de certains manifestants.

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Ces images, montrant des scènes de vandalisme, correspondaient en réalité à des affrontements entre les supporters de deux équipes de football suite à un match qui s’est déroulé le 3 mars, à El Hoceima, entre le Widad de Casablanca et le Chabab du Rif. Aussitôt diffusées, ces images trompeuses ont été dénoncées sur les réseaux sociaux.

Dans son avertissement, daté du dimanche 23 juillet, la Haca estime que le contexte dans lequel ces images ont été diffusées laisse à penser qu’il s’agit du motif de l’arrestation des manifestants. Par conséquent, les médias concernés « ont enfreint les dispositions légales et réglementaires en vigueur ».

Le parlementaire, Omar Balafrej, membre de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), a adressé une question écrite au gouvernement, dénonçant « une falsification et une déformation de la réalité ».

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La couverture des contestations d’Al Hoceima a été accompagnée par une série de fake news qui ont rendu difficile le décryptage de ce qui se passe dans cette province. Mi-juillet, le ministère de la Communication marocain avait dénoncé des images truquées diffusées par la chaîne d’information en arabe, France 24.

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En voulant illustrer un sujet sur le mouvement du Rif, la chaîne avait utilisé des images de combats de rue au Venezuela. Le 17 juillet, elle s’était excusée en direct, attribuant son erreur à un malencontreux télescopage entre deux sujets qui figuraient dans le fil conducteur de son JT. Les internautes marocains s’étaient alors demandé, sur le ton de l’ironie, comment l’État marocain pouvait demander des excuses à une chaîne internationale alors que ses propres chaînes de télévision avaient commis la même erreur.

Des sanctions différentes pour les médias

Dans son avertissement du 11 juillet, le CSCA marocain a également épinglé une radio privée, Med Radio, à propos d’une émission diffusée le 27 mai, et dans laquelle le présentateur a selon lui tenu des propos « à connotation péjorative et dégradante pour la dignité humaine », au sujet des manifestants d’Al Hoceima.

La radio a été sommée de donner lecture du texte d’avertissement au début de l’émission épinglée. Pour la SNRT et Médi1TV, le CSCA s’est contenté de leur adresser un avertissement écrit, sans les obliger à le lire en public.

Deux camps, deux versions

Sur les réseaux sociaux marocains, la confrontation entre les pro et les anti-manifestation bat son plein. Y compris sur la toile ou le petit écran. Depuis le déclenchement du Hirak (la mouvance), les autorités marocaines ont démenti à plusieurs reprises la circulation de fausses vidéos, faisant état de prétendues atteintes aux droits de l’Homme parmi les détenus d’Al Hoceima ou de la mise à l’écart de certains responsables sécuritaires du royaume. Pour leur part, les pro-contestation dénoncent des informations « instrumentalisées », visant à décrédibiliser le Hirak et ses acteurs.

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