Zimbabwe : les compensations pour les fermiers blancs à nouveau en haut de l’agenda économique

Jeudi 20 juillet, le ministre zimbabwéen des Finances, Patrick Chinamasa, a indiqué que des compensations de 134 millions de dollars ont été versées aux fermiers blancs expropriés lors de la réforme agraire de l’an 2000. Une demande ancienne, dont les intéressés disent ne pas avoir vu la couleur, et dont les prêteurs internationaux, FMI en tête, font une des conditions de leur retour dans le pays.

Cette agricultrice de Marondera produit des choux et des tomates qui seront vendus à Harare. © Nicholas Norbrook

Cette agricultrice de Marondera produit des choux et des tomates qui seront vendus à Harare. © Nicholas Norbrook

Publié le 21 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Jeudi, devant le Parlement, le ministre zimbabwéen des Finances Patrick Chinamasa a indiqué que l’État avait débuté le versement des compensations aux fermiers blancs expropriés, décidées lors de la réforme agraire de l’an 2000. Le ministre a indiqué que 134 millions de dollars avaient déjà été versés, dans un contexte de creusement alarmant du déficit public d’un pays déjà lourdement endetté. La Commercial Farmers Union of Zimbabwe, une fédération qui regroupe 200 exploitations agricoles concernées par ces indemnisations, conteste que les versements ont été faits.

Les compensations allouées aux fermiers blancs dont les propriétés avaient été saisies lors de la réforme agraire de l’an 2000, sont l’une des conditions posées par les prêteurs internationaux à leur retour dans le pays, dont il s’était détourné après qu’il a fait défaut sur sa dette en 1999.

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Le pays doit éponger son passif vis-à-vis du FMI, de la Banque mondiale ou de la Banque africaine développement, avant une possible reprise de leurs soutiens financiers dans le pays.

Une compensation qui pourrait se chiffrer à 3 milliards de dollars

En septembre 2016, interrogé par The Africa Report (publication du groupe Jeune Afrique), Patrick Chinamasa insistait sur le fait que le gouvernement avait pris des mesures « pour clore la question agraire et pour soutenir la production agricole ».

La loi sur le foncier de 1969 avait octroyé 15 millions d’hectares de terres agricoles à 6 000 fermiers blancs. Pendant ce temps, 700 000 familles noires (soit plus de 4 millions de personnes) ont dû se partager à peine plus de 16 millions d’hectares.

À l’indépendance, en 1980, 42 % des terres étaient détenues par des Blancs. En 2000, sous la pression des anciens combattants et des syndicats, la Zanu-PF, le parti au pouvoir, lance ce que le politologue ougandais Mahmood Mamdani a qualifié de « plus grand transfert de propriété en Afrique australe depuis la colonisation ». Dans les trois années qui suivent, 90 % des fermes sont saisies.

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L’idée, expliquait en septembre dernier Patrick Chinamasa, était d’octroyer des baux de quatre-vingt-dix-neuf ans aux nouveaux propriétaires terriens et de dédommager tous ceux dont les fermes ont été saisies. Impossible en revanche de savoir à combien se chiffreraient ces compensations ni quand elles seraient versées. Certains affirment qu’il pourrait en coûter 3 milliards de dollars au gouvernement.

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