L’argent des Africains : Benjamin, gérant adjoint d’un centre commercial en Côte d’Ivoire – 152 euros par mois

Cette semaine, la série l’argent des Africains part pour la Côte d’Ivoire à la rencontre de Benjamin, 29 ans. Ce jeune père passionné d’informatique a bien voulu nous parler de son quotidien, de ses obligations mais aussi de ses projets.

Photo de Benjamin prise à Bonoua sur son lieu de travail? © DR

Photo de Benjamin prise à Bonoua sur son lieu de travail? © DR

Publié le 19 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est dans la ville de Bonoua, non loin d’Abidjan, que réside Benjamin, Ivoirien de 29 ans. Son bac scientifique en poche, il a enchaîné avec une licence en Science de l’informatique, obtenue il y a maintenant cinq ans. Après avoir exercé plusieurs petits boulots, il est depuis bientôt un an gérant adjoint d’un supermarché. Un poste important qui s’accompagne de nombreuses responsabilités et d’une lourde charge de travail.

Salaire : 100 000 F CFA

Dans un pays où le salaire minimum est de 91 euros par mois, Benjamin touche 100 000 F CFA, soit 152 euros. Fort heureusement pour ses finances, il n’a pas de loyer à payer, vivant dans la demeure familiale construite par son père. En cohabitation avec ses cinq frères et leur mère, il n’a aucune dépense liée à l’eau ou l’électricité non plus.

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Si ce presque trentenaire a encore de nombreuses attentes sur le plan professionnel, le bonheur familial, lui, n’est plus très loin : jeune père d’une fille de sept mois, il attend que la mère de celle-ci, Thérésa, 25 ans, qui vit avec sa propre mère à Abidjan, achève ses étude pour venir s’installer à Bonoua. Étudiante en deuxième année d’assistanat de direction, elle sera très prochainement diplômée et devrait bientôt pouvoir trouver un emploi dans la ville de Benjamin.

En attendant, la famille reste séparée par la soixantaine de kilomètres qui s’étend entre Bonoua et Abidjan, où étudie Thérésa. En classe toute la journée, la jeune femme élève sa fille avec l’aide de sa mère, avec qui elle vit au cœur de la capitale économique ivoirienne. Ce n’est que le soir, en rentrant de l’université, qu’elle retrouve son bébé. Bientôt ses études seront finies et la « petite famille », comme l’appelle Benjamin, sera réunie. Les deux parents projettent de se marier rapidement.

Épargne : 30 euros

En dehors de son salaire mensuel, Benjamin ne s’appuie sur aucune autre entrée d’argent. Pour mettre un peu de beurre dans les épinards, il recherche un travail annexe. Doué pour le contact humain, il aimerait s’improviser agent immobilier et organiser des visites d’appartement ou de maisons sur son temps libre. S’il a déjà effectué quelques visites, il lui reste toutefois à intensifier cette activité qui, « pour l’instant, ne donne pas grand chose ».

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Si les frais de logement sont nuls, Benjamin ne dépense rien non plus en transport. « Je fais tout à pied ! explique-t-il. Je marche, c’est mon moyen de transport et… ça me fait faire du sport ! » Idéalement, le jeune homme parvient à épargner 30 euros par mois. Il arrive cependant que ce soit moins. Le mois dernier, il n’a épargné que 15 euros et a choisi d’en envoyer 15 autres à sa future femme pour qu’elle se fasse plaisir. « Depuis le début c’est elle qui a tout fait pour la petite, je ne peux pas déménager et elle s’occupe de tout. Je lui suis sincèrement reconnaissant, et je veux le lui montrer », confie-t-il.

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Argent pour sa fiancée et leur bébé : 70 euros

Benjamin veille à ne pas tirer sur la corde financière : ses principaux postes de dépense, en dehors de l’épargne (30 euros) et de l’argent envoyé à sa fiancée et leur bébé (70 euros), se résument à son forfait téléphonique (7 euros) et son alimentation (45 euros en moyenne).

Qu’en est-il de ses projets ? C’est avec émotion que Benjamin se livre: « J’ai toujours rêvé de travailler à l’ONU ». Un de ses projets les plus chers est donc de reprendre ses études pour suivre une formation en informatique afin de s’ouvrir de nouvelles portes. Pour ce faire, il lui faudrait continuer à travailler au supermarché et suivre des cours du soir. Une formation qui lui prendrait deux ans. « C’est en grande partie pour cela que j’épargne, dit-il. J’ai déjà fait trois ans d’études financées par l’État, maintenant si je veux poursuivre, c’est à moi de me financer ». Il n’y a donc pas de petites économies et Benjamin espère pouvoir commencer cette formation en mars 2018. Il peut compter sur sa famille qui est prête à le soutenir financièrement dans sa démarche.

Mais ce n’est pas le seul projet que Benjamin ait en tête. En deuxième sur sa liste, vient la volonté de créer sa propre entreprise en vente, réparation et conseil en informatique. Plein de motivation et de détermination, il y croit dur comme fer : « Je vais le faire, même si c’est dans huit ou dix ans. Je veux réaliser ces projets ». En attendant, son objectif numéro – et son plus grand bonheur – reste de rassembler sa petite famille.

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