Nigeria : une plateforme participative contre la pollution pétrolière dans le Delta du Niger

« Garantir une justice pour les communautés touchées par les déversements de pétrole » dans le Delta du Niger. C’est l’objectif de la plateforme participative lancée ce lundi 3 juillet par Amnesty International. Accessible en ligne, cette plateforme doit permettre aux volontaires de rapporter les mauvais agissements des compagnies pétrolières.

Une vue du delta du Niger, au Nigeria, en 2011. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Une vue du delta du Niger, au Nigeria, en 2011. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 4 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Baptisée « The Decode Oil Spills project », cette initiative s’appuie sur le constat que les données disponibles sur les déversements de pétrole au Nigeria existent, mais sont trop conséquentes pour être analysées par les seuls chercheurs d’Amnesty International. Une grande partie des informations disponibles ne sont en effet pas numérisées, ce qui rend impossible une analyse à grande échelle. Surtout, l’ONG affirme que Shell a déjà fait de fausses déclarations concernant ces fuites de pétrole, affirmant par exemple qu’elles avaient été causées par des voleurs ou des saboteurs de pipeline, alors qu’elles étaient dues à des infrastructures endommagées, afin de payer moins de dédommagements et d’éviter de nettoyer la pollution.

Le Delta du Niger est l’une des zones les plus polluées au monde

« Le Delta du Niger est l’une des zones les plus polluées au monde. Depuis trop longtemps, de riches entreprises pétrolières, qui ont causé la destruction des eaux et des terres du Delta, ainsi que des moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes, ont échappé à la justice. Shell s’est appuyée sur des preuves manifestement fausses pour éviter d’être tenue responsable. Mais, avec l’aide d’activistes digitaux venus des quatre coins du monde, nous sommes déterminés à dévoiler la vérité », a déclaré Milena Marin, du programme Innovation d’Amnesty International.

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Amnesty invite ainsi les volontaires digitaux à contribuer à l’identification des causes des déversements de pétrole, en analysant les photos et les documents disponibles grâce à leur smartphone, leur tablette ou leur ordinateur portable.

Shell et ENI cités

« En analysant les données concernant les déversements de pétrole, les décodeurs vont aider à exposer les fausses déclarations des compagnies pétrolières et à renforcer les capacités des communautés locales à exiger des nettoyages adéquats et des compensations financières », détaille Amnesty dans son communiqué.

Selon l’ONG, des centaines de marée noires surviennent chaque année dans le Delta du Niger, sans être nettoyées de manière adéquate. Ces décennies de pollution liée à l’industrie pétrolière ont détruit les moyens de subsistances des populations locales et ont compromis leur droit à avoir de l’eau potable et de la nourriture, tout en faisant peser des risques sérieux sur leur santé, selon l’ONG.

Depuis 2007, Amnesty International a ainsi dénombré pas moins de 1700 déversement de pétrole de la part de Shell et plus de 3000 attribué à ENI.

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Sur son site internet, Shell Nigeria affirme que sur les cinq dernières années, plus de 80% des déversements de pétrole en moyenne ont été causés par des vols et des sabotages. L’entreprise dit publier des statistiques sur le sujet chaque année depuis 1995 et se targue de nettoyer les zones touchées et de dédommager les populations concernées.

Autres projets collaboratifs

Lancée en juin 2016, la plateforme de décodeurs, qui a déjà hébergé trois projets participatifs, rassemble une communauté de dizaine de milliers d’activistes digitaux capables de traiter de larges volumes de données non classées et de les transformer en preuves structurées de violation de droits humains.

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Les trois premiers projets ont mobilisé 45 000 volontaires issus de 150 pays. Le projet « Decode Darfur » consistait à analyser 326 000 km2 au Darfour, sur des images satellitaires, pour identifier les villages reculés vulnérables à des attaques. Ce projet a débouché sur une autre initiative intitulée « Decode Difference », qui visait à comparer des images satellitaires anciennes et récentes des villages identifiés, afin de déterminer s’ils avaient été attaqués.

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